À la veille des examens de juin, nous sommes partis à la recherche de la réussite. Que signifie-t-elle, et comment l’atteindre? Mais au fait, peut-être cette question est-elle mal posée. Peut-être la réussite n’est-elle pas un but, mais plutôt un chemin?
Comment réussir? Cette question, nous l’avons posée à des enseignants, à des étudiants, à des entrepreneurs et des professionnels qui nous ont chacun donné leurs clés, selon leur propre conception de la réussite. Et qui souvent nous ont répondu par une autre question, élémentaire: qu’est-ce que la réussite?
Pour les uns, le succès se matérialise par un statut social et professionnel, et sa traduction salariale; pour d’autres, il se mesure à la valeur ajoutée par une entreprise, à l’impact produit sur la société, au nombre d’emplois créés; pour d’autres encore, c’est un développement personnel, une question de bonheur – qui est un autre terme difficile à définir.
Posons la question autrement: la réussite est-elle ce qui nous rend heureux? Pas la réussite matérielle. Du moins, pas à elle seule: on peut "réussir dans la vie" sans "réussir sa vie". C’est ce qu’ont souligné plusieurs de nos interlocuteurs: pour connaître le sentiment de réussite, il faut d’abord être aligné avec soi-même, avec ses intentions profondes – qu’on l’appelle le "why", "l’ikigaï" ou "l’élan vital".
En ce sens, c’est plutôt le bonheur qui permet de réussir – non l’inverse.
Ce bonheur peut se construire. Pour cela, il faut commencer par se connaître, savoir ce qui nous anime, ce que l’on veut, ce que l’on ne veut pas. En fonction de quoi, il faut oser prendre des décisions pour soi-même, en se dégageant de la pression extérieure. Combien de gens ne sont pas heureux dans leur situation professionnelle ou personnelle, mais n’osent pas décider d’y changer quelque chose? Il faut oser essayer, se tromper, échouer, bifurquer…
Ce n’est pas un chemin égoïste, au contraire. Le bonheur se nourrit aussi du collectif; il se construit sur les liens que l’on noue avec nos semblables, sur nos interactions. Notre réussite, elle aussi, dépend beaucoup des autres – tout comme leur réussite dépend un peu de nous.
Enfin, la réussite n’est pas forcément une "performance". Tous, nous avons déjà réussi beaucoup de choses. Nous en réussissons tous les jours – qu’il s’agisse d’obtenir un diplôme, de ranger son bureau, de cuisinier un bon repas, d’obtenir une petite ou une grande victoire sur soi-même… Bien sûr, cela n’empêche pas de se fixer des objectifs ambitieux. Mais si on se focalise sur un but lointain, difficile à atteindre, et qu’on en fait une condition de son bonheur (au lieu d’apprécier d’autres réussites plus concrètes), on s’empêche d’être heureux – et de réussir...
La réussite, c’est un chemin avant d’être un objectif. Elle se vit par étapes, vers un but idéal, en s’appuyant sur le bonheur construit au quotidien. Ce bonheur qui nous permet d’oser et de réussir quelque chose de plus grand.
Olivier Kahn,
Responsable de l'EPHEC Formation Continue
Dans notre dossier "Réussite":
• Les 6 piliers de la réussite
• "Un nouveau profil d’étudiants, c’est une richesse"