"Un nouveau profil d’étudiants, c’est une richesse"

15/5/2023
Idées
(Photo Mary Markevich/Freepik)

‍Moins exclusivement centrés sur leurs études, mais davantage préoccupés par les valeurs de société et l’équilibre personnel: les étudiants de 2023 ont élargi leur définition de la réussite, selon Anne-Cécile Jeandrain, directrice du personnel enseignant et des affaires étudiantes à l’EPHEC. Un défi, mais aussi un enrichissement pour l’école.

Chaque génération – même s’il ne faut pas systématiser – présente son propre caractère, influencé par le contexte de son époque: les cadets n’ont pas les mêmes intérêts ni les mêmes comportements que leurs aînés. L’école est un terrain idéal pour l’observer.

Un changement de profil est-il en train de se produire? C’est ce que pense Anne-Cécile Jeandrain, interpellée par l’évolution des résultats d’examens: "Dans le passé, on avait des taux de réussite très similaire d’une année à l’autre, on pouvait tabler sur des modèles prédictifs fiables. Depuis l’épidémie de covid, ils ont volé en éclats. On a d’abord eu des taux de réussite phénoménaux, puis une chute lors du retour en présentiel. En janvier dernier, on a observé beaucoup d’échecs mais, parallèlement, une augmentation de la moyenne chez ceux qui ont réussi."

De toute évidence, la crise sanitaire a joué un rôle; beaucoup d’étudiants semblent avoir perdu leurs repères dans l’environnement pédagogique. À cet égard, Mme Jeandrain évoque un "retour à la normale" déjà observable: "Les résultats de janvier en ont ramené certains à la réalité. On l’a d’ailleurs constaté en remédiation".

Mais elle observe aussi un changement plus profond: "Dans le passé, tout l’univers de l’étudiant était centré sur la réussite académique. S’il y avait un arbitrage à faire avec d’autres intérêts, c’était en faveur de l’école. Ce n’est plus aussi vrai : les études restent importantes, mais parmi d’autres choses."

"Les étudiants sont aujourd’hui beaucoup plus concernés par la durabilité, les valeurs, l’état du monde, l’équilibre personnel… Je pense qu’ils ont élargi leur définition de la réussite. Et ils relativisent davantage l’échec."

"Peut-être se dispersent-ils un peu, mais je ne suis pas certaine qu'ils aient tort. Leur approche est à mon avis plus équilibrée que celle de ma propre génération." Un défi pour l’école: "On sent que ces étudiants sont moins assidus, plus difficiles à ‘accrocher’ – et c’est le même constat ailleurs, dans les universités et hautes écoles. Mais dès qu’ils viennent au cours, dès qu’ils participent à la remédiation, ils s’engagent, ils sont enthousiastes… – nos enquêtes montrent d’ailleurs que la relation avec les professeurs est un de leurs principaux moteurs."

"Ces nouveaux profils nous bousculent un peu, mais c’est un enrichissement. Cela dit, ces étudiants doivent aussi réaliser que, s’ils ont des attentes, le milieu académique et le milieu professionnel en ont aussi. L’enjeu, c’est de trouver le bon compromis. Trouver les bons ressorts pour les motiver, sans trahir notre promesse, qui est de les former pour une employabilité durable."

Dans notre dossier "Réussite":

Edito: la réussite est en chemin!

Les 6 piliers de la réussite

Préparer la session: 5 recettes d’étudiants

On va vous aider à réussir!

"On verra ça demain"

Comment réussir du premier coup

Ne ratez pas une chance d'apprendre.
Chaque mois, découvrez de nouveaux articles, rencontrez de nouveaux experts et faites évoluer votre vision du futur.
Je m'inscris