Idées
Les neurosciences nous le confirment: chacun de nous, en fonction de sa personnalité, présente des capacités à traiter plus facilement certains enjeux. Le défi d’une gestion humaine fondée sur les talents, c’est de reconnaître ces personnalités pour leur permettre d’exercer leur "leadership de situation".
"Ces dernières années, les neurosciences se sont intéressées à ce qu'on appelle notre ‘personnalité primaire’ ou notre ‘tempérament’", explique Olivier Bouche, cofondateur de 4P Agency, qui a développé des outils de management humain fondés sur les neurosciences – et qui était récemment l’invité de l’EPHEC pour une conférence "Talents, ownership et leadership".
"Nous naissons avec un tempérament, qui est en quelques sorte un circuit de traitement de l'information, spécifique à chaque individu, qui lui donne une facilité à répondre à certains enjeux humains. En d’autres mots, certains sont ‘câblés’ pour présenter des aptitudes à la créativité, ou pour structurer, fédérer, etc. – on parle ici d’enjeux humains et non techniques. C’est intéressant pour les entreprises de le comprendre: dès lors que l’on cerne bien ces personnalités, ainsi que les enjeux dans lesquels on se trouve – fédérer une équipe, mettre les gens en action, gérer la complexité… – on peut beaucoup plus facilement trouver le bon ‘fit’, identifier la personnalité qui pourrait, plus facilement que d'autres, prendre le leadership sur cet enjeu."
Dès lors, chacun peut avoir un moment de leadership, "et l’on va régulièrement changer de leader selon les circonstances".
Jusqu'à présent, observe Olivier Bouche, la gestion du leadership, dans les entreprises, est restée largement fondée sur le CV… "Je dirais que c'est un leadership de compétences: ‘Tu maîtrises ceci, donc tu seras la bonne personne’. Nous devrions nous intéresser beaucoup plus au leadership des talents, c’est-à-dire à la valeur des personnalités et des tempéraments: ‘Tiens, cette personne est naturellement douée pour traiter cet enjeu, on va lui confier ce projet’. Je pense que cela faciliterait grandement le déploiement de la valeur de l'entreprise."
Développer le leadership des talents serait aussi la meilleure réponse à l’émergence de l’intelligence artificielle: "Dans le passé, nous avons remplacé l’homme par la machine dans les tâches de production, et nous avons été mis en échec sur nos capacités physiques. Aujourd'hui, ce sont nos capacités intellectuelles qui fondent la plupart de nos métiers: la mobilisation, par notre cerveau, d'un certain nombre d’apprentissages, qui vont déboucher sur une production de valeur. Mais l’IA est en train de nous mettre en échec sur nos capacités intellectuelles. Pour moi, l’avenir est donc très clair: dans un monde où la connaissance est disponible facilement, nos apprentissages, nos diplômes, seront moins valorisables. On exploitera donc beaucoup plus nos tempéraments et nos personnalités pour répondre à des enjeux qui resteront profondément humains."
Info: 4P Agency
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À lire dans notre dossier "Soft Skills":
• "Les émotions sont le moteur de l’humain"
• "On engage de l'humain, pas des machines"
• L’agilité: une expérience d’équipe
• "Gérer la relation à l’autre, c’est d’abord gérer la relation à soi"
