"Les émotions sont le moteur de l’humain"

"Pendant des décennies, voire des siècles, on a étouffé les émotions au profit d’une pensée structurée, logique, pour ne pas dire cartésienne, en allant jusqu’à opposer l’émotion à la raison." Or, les deux sont indissociables, explique Laurent Kahn, coach chez BAO Elan Vital: "Aujourd’hui, l’imagerie médicale permet d’observer le comportement du cerveau chez une personne qui prend une décision; et que voit-on? Que la ‘raison’ et ‘l’émotion’ fonctionnent ensemble. Pas en concurrence ni alternativement, mais ensemble. Les émotions sont le moteur de nos actions, de nos choix, de nos comportements... Malheureusement – même si cela change un peu – des générations entières n’ont pas appris à reconnaître ces émotions, à les nommer, ni comment les utiliser. Et quand on ne sait pas quoi faire de ses émotions, on risque de leur donner une mauvaise réponse: le déni, la fuite, ou au contraire le ‘trop plein’ si on se laisse déborder."

‍La bonne nouvelle, c’est que l’on peut apprendre à travailler avec ses émotions. C’est ce que l’on appelle "l’intelligence émotionnelle" ou, comme préfère le dire Laurent Kahn, la "compétence émotionnelle", qui est un concept un peu plus large.

"L’intelligence émotionnelle, c’est ce qui permet de reconnaître l’émotion, la nommer pour ce qu’elle est et comprendre sa cause. La compétence émotionnelle inclut aussi l’idée de régulation: que va-t-on faire de l’émotion qu’on ressent? Comment s’en servir? Cela peut aussi s’apprendre, mais c’est un peu plus long."

Pour illustrer le propos, le coach prend un exemple: "Celui d’un indépendant qui est en colère parce qu’un client est en retard de paiement. Si je reconnais cette colère et que je comprends sa raison précise, je comprends aussi que je n’ai pas besoin d’être en colère contre le monde entier. Ensuite, je peux essayer de trouver dans cette colère une certaine énergie et voir ce que je peux en faire pour apporter une réponse adéquate à la situation."

Autre exemple: il n’est jamais agréable de voir son travail critiqué. "La critique, même quand elle est justifiée et formulée avec respect, est facilement interprétée comme une attaque personnelle. C’est un mécanisme de défense de l’estime de soi. C’est très naturel. Mais si je comprends ce mécanisme, je peux calmer ma réaction émotionnelle et l’utiliser à bon escient."

"Les émotions peuvent faire peur, justement parce qu'on ne les a pas apprises, mais elles permettent aussi énormément de choses. Quand on parvient à cette ‘compétence émotionnelle’, quand on arrive à se servir du ‘moteur émotionnel’ qui nous alimente, on y gagne en équilibre, en bien-être et, osons le mot, en bonheur!"

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‍À lire dans notre dossier "Soft Skills":

• Edito: Soft Power

• "On engage de l'humain, pas des machines"

• L’agilité: une expérience d’équipe

• "Gérer la relation à l’autre, c’est d’abord gérer la relation à soi"

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