"Si la logistique s’arrête, tout s’arrête"

9/5/2024
Entreprendre
(Illsutration Vectorjuice/Freepik)

La chaîne logistique est une mécanique de haute précision: pour que le produit fabriqué par l’usine parvienne au bon moment dans les stocks, puis en magasin, il faut constamment régler son fonctionnement. C’est le travail de Pierre Portelange, Fulfilment Manager d’IKEA Anderlecht.

"Pas de produits disponibles, pas de vente. Pas de vente, pas de chiffre d’affaires…" Ainsi résumé, on comprend toute l’importance du rôle que tient la logistique pour une enseigne de distribution comme IKEA. Entré dans l’entreprise voici déjà 15 ans, Pierre Portelange a travaillé dans différents départements avant de devenir responsable logistique du magasin d’Anderlecht.

"Les articles nous parviennent principalement de deux façons: soit directement de l’usine, soit d’un centre de distribution. La première voie est plus efficace; l’inconvénient, c’est que nous n’avons pas forcément le volume pour remplir tout un camion, ni la place disponible en stock. On passe donc par une centrale, qui stocke les articles de différentes usines et assemble ce dont nous avons besoin. On essaie de réceptionner les camions entre 5h et 10h du matin, pour que tout soit approvisionné avant l’arrivée des clients."

L’exercice s’apparente parfois à du jonglage, entre des produits plus ou moins volumineux, avec des temps de rotation (c’est-à-dire des cycles de vente) variables. "Heureusement, nous sommes bien aidés par notre système, qui calcule la chaîne d’approvisionnement et les livraisons selon les prévisions de vente. De notre côté, on doit s’assurer d’avoir assez de place en magasin, en fonction des rotations d’articles."

Cette "logique de chaîne" est cruciale: "Chez IKEA, c’est la vente qui détermine les espaces en magasin, ce qui semble logique puisqu’elle est mieux à même de prévoir ce qui peut être vendu. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’on s’inscrit dans une chaîne : quand IKEA décide de faire fabriquer quelques millions d’exemplaires d’une chaise, il faut ensuite l’écouler..."

"Si les places de vente sont mal dimensionnées, qu’on vend trop ou trop peu, les camions arriveront au mauvais moment ; on doit donc collaborer étroitement."

La logistique, explique-t-il, est en pleine évolution: "On passe d’un modèle organisé pour le magasin à un autre, qui inclut la vente à distance, le ‘click and collect’ et le ‘click and deliver’." Une évolution accélérée par la crise du covid: "Lors des confinements, on a dû fermer le magasin. Seule la logistique tournait pour la vente en ligne et pour livrer les clients sur le parking. Aujourd’hui, la vente en ligne continue à se développer." Ce qui n’est pas sans entraîner des paradoxes…

"Le principe d'IKEA, c'est d’amener les clients à se servir eux-mêmes, donc minimiser le coût logistique. S’ils achètent en ligne, ‘l’order picking’ revient chez nous, alors qu’on tendait à l’éliminer. Mais c’est aussi ce que j’aime dans mon métier : relever constamment de nouveaux défis, trouver les bons process… C’est passionnant!"

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