Ne dites plus ‘directeur financier’, dites ‘Business Navigator’

9/5/2024
Entreprendre
(Illustration Vectorjuice/Freepik)

Luka Bulatovic est Business Navigation & Operations Manager d’IKEA Zaventem. Un vocabulaire qui peut sembler énigmatique mais qui traduit une évolution de fond: celle de la fonction financière, devenue celle d’un "business partner" au sein de l’entreprise.

Avant, Luka Bulatovic aurait été CFO – Chief Financial Officer, dans la terminologie anglophone: un manager prioritairement chargé du business plan, de la stratégie financière et de l’analyse comptable. Mais depuis quelques années, certaines grandes entreprises dont IKEA ont fait évoluer cette fonction: "Elles ont compris que le contrôle financier pur et dur perdait de son sens et qu’il serait bon de l’impliquer davantage dans le pilotage des différents départements – d’où le terme ‘navigation’. Au niveau du magasin, cela signifie que je m’intègre à toutes les autres fonctions; en quelque sorte, c’est la synthèse entre CFO et COO, entre direction financière et opérationnelle."

Pour autant, il ne s’agit pas de "commander" les départements: "C’est plutôt un accompagnement, à partir des données financières, pour détecter où sont les difficultés, où sont les points faibles, et envisager, avec les services, les moyens de les résoudre. Mon rôle, je le vois comme celui d’un business partner. C’est très intéressant parce que c’est très large."

S’il fait partie de l’entreprise depuis cinq ans, Luka, qui est Serbe, n’est que depuis deux ans en Belgique. "Auparavant, je travaillais pour IKEA Southeast Europe – une grande région qui va de la Slovénie à la Roumanie. Par hasard, j’ai appris qu’il y avait un poste vacant en Belgique et je me suis dit ‘pourquoi pas?’ C’est un autre avantage de l’entreprise: la mobilité interne et l’opportunité de travailler ailleurs. C’est enrichissant à titre individuel, mais aussi pour IKEA, parce que cela permet des échanges d’expérience et de pratiques."

Le marché belge est bien entendu très différent des Balkans: "La Serbie, par exemple, est un pays de 7 millions d’habitants avec un seul magasin IKEA, qui n’a même pas 10 ans. En Belgique, où nous fêtons cette année 40 ans de présence, on a 8 magasins pour 11 millions d’habitants. On est d’un côté sur un marché en développement; de l’autre sur un marché mature, avec des comportements de consommation et des pouvoirs d’achats qui diffèrent. Les comparaisons sont donc intéressantes, mais elles ont leurs limites: ce qui fonctionne là-bas ne fonctionnera pas forcément ici, en fonction des conditions locales."

Le plus important dans son travail? "La curiosité!"

"Il faut bien sûr aimer l’analyse, mais si vous ne vous intéressez qu’aux données chiffrées, vous n’irez pas loin. Tel article se vend mieux ailleurs? Peut-être, mais pourquoi? Il peut y avoir plein de raisons."

"Il faut sortir de son bureau, s'impliquer sur le terrain, avec les collègues, avec les clients, observer l'activité pour comprendre ce que les données signifient et le potentiel qu’elles recèlent. Et là, ça peut devenir passionnant!"

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