À 25 ans, à peine ses études terminées, Arnaud Schockaert a pris la direction de l’entreprise créée par son père Alain – où travaillaient déjà ses deux sœurs. Dix ans plus tard, l’affaire tourne toujours à plein régime. Son conseil pour réussir une transmission familiale? "Bien communiquer et définir des accords clairs."
Parallèle, la PME de la famille Schockaert, est importatrice et agent de marques d’habillement: K-Way, Fusalp, Sweet Pants, entre autres. "C’est mon père, Alain, qui a fondé l’entreprise en 1972", raconte Arnaud Schockaert, qui lui a succédé en 2014 au terme de ses études (un bac en marketing à l’EPHEC, puis un master en finances à l’ICHEC). "Je n’avais pas forcément prévu de le remplacer, mais cela s’est fait très naturellement. Après mon stage chez EY, j’avais reçu une proposition d’emploi mais Papa, qui souhaitait lever le pied, m’a demandé d’intégrer l’entreprise."
"Je me souviendrai toujours de mon premier jour: il m’avait dit que, pour bien naviguer, il fallait un seul capitaine à bord. Et il est parti en me laissant ses clés. À la réflexion, je pense que cela valait mieux: nous avons deux caractères forts et s’il était resté, cela aurait pu tourner au conflit de générations. Il estimait qu’il valait mieux me laisser apprendre et commettre mes propres erreurs – tout en restant disponible en cas de souci. Mais en dix ans, il n’est revenu que deux fois au bureau, pour négocier deux contrats."
À l’époque, Audrey et Aurélie, les sœurs d’Arnaud, travaillaient déjà dans l’entreprise depuis plusieurs années. La question de la répartition des rôles ne s’est toutefois jamais posée: "Aucune des deux ne souhaitait prendre la direction; au départ, elles ne voulaient même pas entrer dans l’entreprise familiale, mais les circonstances les y ont poussées – la suite, c’est l’histoire familiale et la passion du métier…"
Aujourd’hui, frère et sœurs travaillent toujours ensemble et sont tous trois actionnaires de la société. Comment faire pour éviter que la relation professionnelle et les intérêts privés "polluent" les relations familiales?
"Je pense qu’il faut communiquer, être très clairs les uns envers les autres, et surtout éviter les non-dits. En ce qui nous concerne, nous avons élaboré une charte familiale, qui définit bien les règles qu’on se donne pour gérer l’entreprise."
"Le déclencheur a sans doute été mon mémoire d’étudiant, consacré à la transmission d’entreprise dans les familles recomposées – ce qui est notre cas. Cela a été un point de départ pour en discuter."
"Un autre aspect qui me semble très important, c’est l’équité financière – malheureusement, l’argent est souvent un sujet de discorde dans les structures familiales. Quand j’ai pris la direction, j’ai insisté pour que chacun de nous trois ait sa propre société de management pour gérer sa rémunération comme il ou elle l’entend, sur base d’un salaire identique. La transparence évite beaucoup d’incompréhensions et de mésententes."
Dans notre dossier "Transmission d’entreprise":
Edito: Reprendre, c’est entreprendre!
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