Edito: Reprendre, c’est entreprendre!

8/1/2024
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(Photo Senivpetro/Freepik)

Quand on nous dit "entreprendre", nous comprenons (presque) toujours "créer une entreprise". Une sorte de réflexe. Et pourtant, entreprendre, ce peut être aussi reprendre une entreprise existante, bien portante, mal portante… La différence, c’est qu’on ne part pas de zéro.

Une entreprise, c’est un peu comme une maison: il y a ceux qui préfèrent la construire à leur idée, en partant d’une feuille blanche. Et ceux qui l’achètent toute bâtie aux occupants précédents. Mais tandis que, sur le marché immobilier, beaucoup de gens optent très spontanément pour la deuxième solution, quand il s’agit d’entreprendre, tout le monde voudrait "construire". Pourquoi?

Sincèrement, je ne sais pas. C’est sans doute culturel. Parce qu’on veut quelque chose "à soi"; pour concrétiser une idée de business (peu importe si elle est bonne, parfois); parce qu’à l’école de commerce, on a surtout étudié la création; parce que la reprise évoque forcément celle d’une PME familiale un peu vieillotte, un peu jaunie, avec de grands registres sur papier…

Reprendre, c’est pourtant un vrai processus entrepreneurial, qui s’aborde sous différents angles.

Reprendre, c’est d’abord entreprendre sans partir de zéro. C’est construire à partir de quelque chose. À partir d’une entreprise qui possède une histoire, un produit, une clientèle, parfois du personnel, avec son savoir-faire… Des actifs, mais aussi un passif, des dettes, parfois des contentieux à régler…

Reprendre, c’est aussi transformer. Bien sûr, l’entreprise n’est peut-être pas telle que vous l’auriez rêvée, mais une fois que c’est vous le patron, vous pouvez la transformer selon votre propre vision – de la même façon qu’on transforme la maison qu’on a achetée.

Reprendre, c’est rencontrer. C'est une relation humaine à construire, entre quelqu'un qui va devoir lâcher prise et quelqu’un d’autre, qui voudra imprimer sa marque. Une relation qu’on n’a pas forcément choisie, qui fonctionne parfois très bien, d’autres fois pas du tout…

Reprendre, c’est parfois relancer. On n’y pense pas assez, mais la reprise d’une entreprise en difficulté peut présenter une vraie opportunité : celle d’un "reload" où, sans faire table rase du passé, on l’intègre dans un nouveau projet, un nouveau business plan porté par le repreneur. Plutôt que de parler d’entreprise "en difficulté", je préfère d’ailleurs parler d’entreprise "en essoufflement": si elle retrouve son souffle (si le repreneur peut lui donner la bouffée d’oxygène qui lui manque), elle pourrait être capable de marcher beaucoup plus loin et plus longtemps.

Enfin, reprendre, c’est un challenge. Comme toujours quand on entreprend, c’est une aventure humaine et un chemin vers l’accomplissement personnel, qui ne demande qu’à être emprunté.

Jean-Olivier Collinet

Administrateur Délégué de Job Yourself/Reload Yourself/DIES

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