Céder son entreprise: "Surtout, ne le faites pas seul!"

8/1/2024
Entreprendre
Sara Dirkx et son mari Philippe. (Photo Julien Semninckx)

En 2015, Sara Dirkx créait l’entreprise qui allait devenir BeCook: des cuisines professionnelles partagées, sur le modèle du coworking. Voici quelques mois, elle a confié BeCook à un repreneur. Nous lui avons demandé ses meilleurs conseils aux cédants.

"Au départ, les cuisines partagées, c’était un plan B", raconte Sara. "Je m’étais lancée dans un service traiteur bio qui a commencé à bien marcher, et j’ai installé mes cuisines chez Greenbizz (un incubateur bruxellois axé sur la durabilité, ndlr). Très vite, deux jeunes gens sont venus me trouver, à la recherche d’un lieu de fabrication – c’étaient les créateurs de Pépin Juices, des jus pressés à froid. Puis, il en est venu d’autres." BeCook était née.

"J’ai adoré ce que je faisais, je m’y suis investie à 200%. Mais il est venu un moment où je me suis sentie bloquée, où je ne pouvais plus faire grandir le projet par mes propres moyens. En même temps, j’avais envie de me consacrer à d’autres choses: enseigner, transmettre mes connaissances – et trouver du temps pour ma passion, la peinture."

Sara et son mari Philippe, qui est aussi son partenaire en affaires (et qui est un ancien de l’EPHEC), se sont donc mis en quête d’un repreneur. Parallèlement, Sara a pris part aux ateliers de la Maison du Repreneuriat, créée conjointement par l’EPHEC et l’ICHEC – "Une formidable expérience, qui m’a beaucoup appris et où j’ai noué de solides amitiés", dit-elle.

En octobre dernier, ils ont finalement conclu la cession de BeCook. Que retient Sara, au terme de ce parcours qui aura duré deux ans?

"Le plus important, si je devais donner un conseil, c’est de bien s’entourer. Et d’abord, faire appel à un intermédiaire pour piloter la transmission: ce n’est pas le métier de l’entrepreneur."

"Cela évite d’y mêler trop d’émotionnel – parce que mon entreprise, c’était un peu mon troisième enfant. Il faut aussi un bon comptable, ainsi qu’un bon juriste. Ensuite, il faut des accords très clairs, notamment sur la manière dont on calcule la valorisation de l’entreprise – un élément que nous avons sans doute abordé trop tard. Tout s’est heureusement bien passé, mais cela aurait pu causer de gros malentendus."

Et bien sûr, il faut dénicher un candidat repreneur. "C’était l’un des conseils des ateliers en transmission: essayez d’imaginer le repreneur idéal, avec vos critères essentiels – ceux sur lesquels vous ne transigerez pas – et vos critères accessoires."

Finalement, c’est au détour d’une conversation que Sara l’a trouvé: "Je l’avais sous les yeux depuis le début: c’était l’un de mes fournisseurs! Quand je leur ai confié mon intention de céder BeCook, ils se sont déclarés intéressés."

Ce repreneur n’est autre que Solucious, une filiale du groupe Colruyt. "C’est génial, parce qu’ils sont intéressés par le business model et qu’ils ont les moyens de le développer. C’est ce que je pouvais souhaiter de mieux: céder son entreprise, c’est un peu comme voir un enfant quitter la maison. On ne peut pas le garder pour soi, égoïstement, on veut le voir grandir et prendre son envol!"

Dans notre dossier "Transmission d’entreprise":

Edito: Reprendre, c’est entreprendre!

La Maison du Repreneuriat, pour passer le témoin en confiance

Transmission familiale: "Méfiez-vous du piège de l’ego"

Transmission d’entreprise: comment parler aux banques?

Entrepreneurs de père en fils

"Toute entreprise est potentiellement à remettre"

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