Apprendre en présentiel présente des avantages en termes d’engagement et de motivation des apprenants; pour autant, opposer présentiel, distanciel ou enseignement hybride a peu de sens, explique Sophie Depoterre, conseillère pédagogique au Louvain Learning Lab. L’important est de bien exploiter les avantages propres à chaque modalité.
Sophie Depoterre est conseillère pédagogique à l’UCLouvain; dans son métier, elle forme et accompagne des enseignants – à ce titre, elle participe également au projet européen RRF qui associe plusieurs hautes écoles et universités francophones, dont l'UCLouvain et l’EPHEC.
"Les modalités d'apprentissage sont multiples; chacune a ses avantages et ses inconvénients", explique-t-elle. "Pour qu’une expérience d’apprentissage en présentiel soit optimale et favorise l’engagement des apprenants, il faut être attentif aux trois types de présence: la présence sociale, cognitive et enseignante. La présence sociale, c’est faire en sorte que l’étudiant se sente membre d’une communauté, en favorisant les interactions, non seulement avec les formateurs et enseignants, mais aussi entre pairs. La présence cognitive est aussi très importante; c’est elle qui encourage l'apprenant à être actif dans son apprentissage, ce qui contribue au développement de ses compétences et à l’acquisition de connaissances. Enfin, la présence enseignante, c’est la disponibilité d'une équipe pédagogique, au profit des étudiants."
"Si on parvient à combiner ces aspects et à organiser, dans l’auditoire, une activité d’apprentissage engageante qui ne peut avoir lieu en ligne ou de manière autonome, on donne vraiment une plus-value au présentiel."
Pour autant, le présentiel n’est pas toujours la meilleure solution. Tout dépend du contexte et du public: "Le présentiel impose une contrainte géographique et horaire; il peut s’avérer inadapté, par exemple pour des personnes qui ont plus de difficultés à se déplacer."
Les technologies distancielles, telles qu’on les a abondamment mises en œuvre pendant la crise du covid, permettent également de créer des interactions. "Il y a eu beaucoup de craintes sur l’enseignement à distance à cette période, c’est compréhensible, mais je pense qu’aujourd’hui, on a dépassé ce stade et qu’on est davantage capables d'envisager les avantages de l'une ou de l'autre modalité, voire de combiner les deux. C’est plus complexe à mettre en place, mais l’enseignement hybride peut être intéressant s’il est bien scénarisé."
Selon Sophie Depoterre, la clé pour engager ses apprenants est de leur expliquer le choix d'une modalité ou d'une autre: "Il faut leur faire comprendre l’intérêt de venir au cours, pourquoi certains apprentissages se font en autonomie ou entre pairs, etc. Il faut montrer que, derrière chaque choix, il y a une réflexion pédagogique visant à aligner les méthodes pédagogiques avec les acquis d’apprentissage et le dispositif d’évaluation."
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