Au départ de ce postulat, Xerius et HoGent ont mis au point le "scan-entrepreneur": un outil qui permet de détecter les aptitudes entrepreneuriales dont on dispose déjà et celles que l’on peut améliorer. L'EPHEC l'utilise déjà.
Entreprendre, c'est une attitude. Celle qui permet de se mettre en action et de mener un projet: créer une entreprise, mais aussi "entreprendre" des études, une carrière – et tout simplement sa vie. Une attitude que nous avons tout intérêt à développer, collectivement et individuellement.
C'est pour l'encourager que Xerius et HoGent, la Haute École de Gand, ont lancé l'année dernière le "scan-entrepreneur". Il s'agit d’un auto-test en ligne de 15 à 20 minutes, qui permet d’établir votre profil d’entrepreneur. Il est basé d’une part sur des traits de personnalité comme l'audace, la réflexion proactive, la curiosité; d’autre part, sur des compétences comme la capacité à identifier des opportunités ou la connaissance du marché… En tout, une quinzaine de paramètres considérés comme des facteurs de succès, pour lesquels vos réponses sont comparées à celles d’entrepreneurs confirmés.
Y a-t-il des traits de personnalité typiques des entrepreneurs? "Si on s'intéresse aux entrepreneurs experts, qui ont déjà démontré une certaine réussite, on trouve en effet des traits récurrents", répond Bart Derre, directeur du Center for Entrepreneurship à HoGent.
"Notamment la capacité à s'auto-évaluer et 'l'auto-efficiency' – la confiance dans ses propres capacités à réussir. Mais on constate aussi que d'autres caractéristiques, non liées à la personnalité, sont importantes: le milieu familial, l'expertise dans votre domaine, les compétences acquises… Enfin, l'un des paramètres importants, c'est ce qu'on appelle la métacognition: la capacité d'appréhender son propre cadre de réflexion et de pouvoir l'ajuster." Ce qu'on pourrait résumer par le célèbre "thinking out of the box".
Lancé il y a un an et utilisé notamment par l'EPHEC, le "scan-entrepreneur" a déjà récolté plus de 4.000 réponses, dont 3.000 ont fait l'objet d'une première analyse. Qu'apprend-t-on? "D'une part, cela confirme la validité scientifique de l'outil. D'autre part, nous avons observé trois résultats intéressants chez nos entrepreneurs. D'abord en ce qui concerne 'l'effectuation'; un mode de fonctionnement que l'on reconnaît chez les entrepreneurs experts: c'est l'aptitude à décider en fonction de ce que dont on dispose – c'est un peu comme cuisiner avec ce qu'il y a dans le frigo, plutôt que de choisir un menu et d'aller faire les courses. Or, chez nos entrepreneurs, ce score est un peu inférieur à ce qu'on observe par exemple aux États-Unis. Ensuite, on note de faibles scores dans la gestion de l'incertitude. C'est un peu paradoxal, parce que l'esprit d'entreprise implique justement de gérer l'incertitude. Le troisième point concerne le degré de culture financière. À notre grande surprise, les répondants déclarent un score élevé, alors que les recherches indiquent plutôt un déficit de culture financière chez ceux qui entreprennent. Peut-être que les gens se surestiment à cet égard. Autant de points intéressants pour agir en enseignement, si l'on veut encourager l'esprit d'entreprise."
En conclusion, tout le monde peut-il entreprendre? "Disons la grande majorité des gens", répond Bart Derre. "La difficulté d'étudier le comportement entrepreneurial, c'est sa complexité. Il n'existe pas de bouton sur lequel un ministre pourrait pousser pour que les gens entreprennent davantage ; c'est multifactoriel: il y a des éléments de motivation, des connaissances spécifiques, des traits de personnalité… Certaines personnes ont des traits favorables, ce qui facilite les choses, mais ce que montrent les études, c'est que le comportement entrepreneurial peut s'apprendre – et l'expérience pratique l'améliore avec le temps."
Pour aller plus loin: faites le test!
• Edito: Quel entrepreneur êtes-vous?
• Paroles d'entrepreneurs: Geoffroy Josquin et Jonas Benazzi
• De plus en plus d'étudiants-entrepreneurs