Des compétences pour la vie

4/12/2023
RH & Carrière
L’école dans la Rome antique : bas-relief trouvé à Neumagen (Allemagne) (Photo Shakko/Wikipedia)

‍Voilà plus de quatre siècles que Montaigne a donné ce cap à l’enseignement: "Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine". Une pensée que l’on a parfois réduite à une opposition entre "connaissances" et "compétences" – pour parler en termes modernes. Or, il s’agit plutôt de mettre les premières au service des secondes, explique la ministre Françoise Bertieaux.

"Quand, dans l'enseignement supérieur, on forme des jeunes gens de 20 ans, qui travailleront peut-être jusqu’à 70 ans, il ne s’agit pas seulement de leur donner des connaissances. On veut les former pour la vie", souligne Françoise Bertieaux, la ministre (MR) de l’Enseignement supérieur francophone.

Est-ce à dire que la valeur du savoir – et des diplômes – serait relative? "Je pense qu'il faut voir le diplôme sous deux angles. Un certain nombre de professions, par exemple médecin, architecte ou comptable, exigent des connaissances très spécifiques, validées par un diplôme. D’autres formations, plus académiques, visent moins à valider des connaissances qu’à façonner des ‘têtes bien faites’. Ceux qui choisissent cette voie doivent être conscients que leur profession sera peut-être différente de leur formation : tous les philosophes ne deviendront pas auteurs ou professeurs, mais c’est leur tête ‘bien faite’ qui leur permettra d’adapter leur savoir à un métier."

C’est aussi une tête bien faite qui doit permettre à l’individu de modifier le cours de sa carrière, de se réorienter ou, plus simplement, de dépasser l’obsolescence de ses connaissances.

"C’est pourquoi je pense qu’il ne faut pas enseigner de manière trop utilitariste, en fonction du marché du travail actuel. Si je vous donnais un cours parfaitement à jour sur l’intelligence artificielle – ce dont je ne suis pas capable – la matière serait déjà dépassée le jour où vous obtiendriez votre diplôme. (…) Heureusement, en Belgique, nous bénéficions d’une offre de formations continuées qui sont nombreuses, variées et assez souples."

Équilibrer connaissances et compétences – "ce qui était d’ailleurs le sens de la précédente réforme de l'enseignement obligatoire", rappelle Mme Bertieaux –, tout en favorisant l’accès à la formation permanente: telles sont les clés pour permettre à chacun de rester compétent et adaptable au long de la vie.

Et à l’avenir? Dans un monde toujours plus numérisé, irons-nous vers un enseignement supérieur plus virtuel? "La crise du covid a ouvert la voie d’une certaine hybridation, même s’il a fallu beaucoup improviser. Nous sommes au moment où cette expérience se décante. Je ne crois pas, sauf cas particulier, à un modèle totalement digital; je reste convaincue du besoin de socialisation, de présentiel. Mais je suis tout aussi convaincue que nous allons vers un modèle hybride. Dans quelles proportions? Cela, je l’ignore. Je fais confiance à l’intelligence présente dans nos universités et nos hautes écoles pour trouver le meilleur modèle."

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