Avant même d’aller à l’école, les jeunes enfants apprennent – à parler, à marcher, à comprendre leur environnement, manipuler des objets… Et si ce n’est pas sans effort, c’est souvent avec plaisir. Comment retrouver ce plaisir d’apprendre et le convertir en désir d’entreprendre?
"Vouloir apprendre, grandir et avancer dans la vie est un mouvement naturel. Le pire que l'on puisse faire, c'est de casser ce mouvement", dit Laurence Lievens. Enseignante et pédagogue, elle a cosigné La pédagogie entrepreneuriale, un livre publié l’an dernier par Step2you, le département de sensibilisation à l'entrepreneuriat qu’elle dirige au sein de l’ICHEC.
Il y aurait donc une pédagogie de l’entrepreneuriat? "Il est vrai qu’on n’associe pas spontanément les deux termes. Mais si l’on considère que l’entrepreneuriat, au-delà de l’angle économique, c’est la capacité à passer de l’idée au projet concret, alors on n’a pas seulement besoin de compétences spécifiques – en marketing, en comptabilité… – mais aussi de comportements entrepreneuriaux tels que la créativité, la confiance en soi, l'esprit d'équipe, etc. Bien sûr, ces comportements sont en partie liés à la personnalité, mais ce sont aussi des compétences qui s’acquièrent. Des compétences transversales, des soft skills. L’enjeu pédagogique, c’est de trouver les moyens de les soutenir, de les développer. Et surtout ne pas les étouffer."
Même s’il ne faut pas généraliser, Laurence Lievens observe que le système scolaire reste trop souvent organisé sur un modèle qualifié de "frontal": "Tu t’assieds, tu m’écoutes, puis tu reproduis ce que je t’ai dit de faire et comment le faire. Il faut bien reconnaître que, pour une majorité d’élèves, cela ne fonctionne pas; ils se découragent, ils se persuadent qu’ils ne sont pas bons alors qu’en fait, on n’a pas su leur donner ce dont ils avaient besoin pour garder l’envie d’apprendre. C’est un immense gâchis humain et un gaspillage de talents – or ces talents, nous en avons bien besoin dans notre société."
"Pour moi, l’éducation, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer une flamme."
"C’est beaucoup plus intéressant d’aller explorer des chemins, se tromper, revenir en arrière, chercher des réponses ensemble avec ses camarades, plutôt que recevoir des réponses toutes faites. Et cette façon de travailler ancre bien mieux les apprentissages", ajoute-t-elle. "En pédagogie entrepreneuriale, on travaille beaucoup autour de cela et des dispositifs à mettre en place pour permettre le développement de ce type de compétences, développer la capacité de passer à l'action, se faire confiance, trouver des solutions…"
"Cette forme de pédagogie, quel que soit le nom qu’on lui donne, remet du plaisir au cœur de l'acte d'apprendre, pour les élèves mais aussi pour les professeurs. Je pense qu’on en a besoin. Apprendre est vraiment un plaisir; un plaisir à expérimenter tout au long de la vie. Quand on perd le goût d’apprendre, je crois qu’on perd un peu l’appétit de la vie."
Info: Step2you
Dans notre dossier "Apprendre autrement":
"Le diplôme n’est pas la seule voie"