Vous avez bien lu: la bi-diplomation permet aux étudiants d’obtenir un double diplôme pour les mêmes études, en suivant une partie de leur cursus dans une autre école. Quel intérêt? En Belgique, cela vous permet par exemple d’être diplômé en deux langues.
Il y a trois ans, à la sortie des études secondaires, je me suis lancé un défi un peu fou: obtenir deux diplômes de comptabilité, l’un en français, l’autre en néerlandais. Je savais que c’était possible grâce à la bi-diplomation.
Pas la peine de rappeler que nous sommes en Belgique, au carrefour de deux cultures (au moins!). Il me semblait important de connaître mon métier dans les deux langues. Pour pouvoir m’adresser à mes futurs clients dans leur propre langue, bien sûr, mais aussi pour échanger avec mes confrères et pour être capable de traiter des affaires (donc comprendre et traiter des documents) dans les deux langues. Je m’en sentais capable : bien que francophone d’origine, j’ai eu la chance (car c’en est une) d’effectuer toute ma scolarité en néerlandais.
Me voici donc, en septembre 2020, débarquant en 3e année de compta à l’EPHEC, après deux années de bachelier à l’Odisee – une haute école néerlandophone de Bruxelles. D’emblée, quel choc: tout se passait en français! Bien sûr, c’est ma langue maternelle, celle que j’utilise au quotidien, mais je n’avais absolument pas l’habitude de suivre des cours dans cette langue. Il me manquait toute la terminologie comptable, qui ne s’apprend pas dans la vie courante. Une anecdote, pour l’exemple: lors d’un travail de groupe, il était écrit au tableau "DNA", une abréviation que je n’avais jamais vue. J’ai dû demander l’explication à d’autres étudiants et je suis passée pour une idiote: DNA, ce sont les "dépenses non admises", une notion de base en comptabilité. Mais moi, je ne connaissais que les VU, les "verworpen uitgaven"! Autre difficulté: je me suis aperçue que certains cours, donnés en 3e année à l’Odisee, avaient déjà été vus à l’EPHEC en 1re ou 2e. J’étais passée à côté et j’ai dû me mettre à jour.
J’ai écrit que c’était un défi et cela n’a pas été facile, mais le relever a été une grosse satisfaction personnelle. Et puis, l’avantage est énorme: les professionnels bilingues ne courent pas les rues.
Je poursuis à présent un post-graduat en fiscalité, mais j’ai déjà un contrat de travail pour le mois de septembre – et je suis convaincue que mon double diplôme a été décisif pour mon employeur.
Si la co-diplomation vous tente, renseignez-vous: bi-diplomation, tri-diplomation (oui, ça existe aussi!), en Belgique ou à l’étranger; les possibilités sont nombreuses. Et si je n’ai qu’un conseil à donner, c’est celui-ci: ne craignez pas la barrière de la langue. Avec de la motivation, quelques efforts et un peu de soutien, on s’adapte assez vite à ce nouvel environnement.
À choisir, je le ferais à nouveau, sans hésitation!
Selena Tricot, bi-diplômée en comptabilité
En lien avec cet article: