Vous l’avez sans doute déjà testée dans un musée, un parc d’attraction ou une "virtual room": la réalité virtuelle ou augmentée est de plus en plus présente, aussi dans les entreprises. Qui va l’utiliser et pour quoi faire?
"Ce sont des technologies que l’on connaît depuis longtemps dans le monde du gaming, mais qui ont énormément d’intérêt dans d’autres domaines", explique Arnaud Jopart. Diplômé de l’EPHEC (en marketing) et développeur informatique, il a d’abord travaillé dans le secteur du jeu vidéo. Aujourd’hui consultant indépendant, il accompagne notamment les entreprises dans la mise en œuvre de la réalité virtuelle (VR) ou augmentée (VA).
"L’un des projets sur lesquels j’ai travaillé récemment concernait le secteur du bâtiment: il s’agissait d’une application qui permet d’aligner visuellement, sur une tablette, les modèles 3D et les murs en construction, sur le chantier. On peut ainsi vérifier si la réalité est conforme aux plans et détecter d’éventuels problèmes, avant qu’ils deviennent très coûteux. L’intérêt pour le client est très concret."
Travaillerons-nous tous, bientôt, en réalité virtuelle? Sans doute pas… Une expérience tentée l’année dernière par l’Université de Cambridge a montré des effets indésirables sur des volontaires qui ont travaillé une semaine (35h) en réalité virtuelle: surcroît d’anxiété ou nausées pour certains, surcharge de travail… "Cela ne me surprend absolument pas. Je ne vois pas l'intérêt de porter un casque de réalité virtuelle 8h par jour; ils ne sont pas faits pour ça. La VR ou la VA ne sont pas bonne à tout; dans certains métiers ou certaines situations, elles n’apportent pas de plus-value. Dans d’autres domaines, elles ont tout leur sens : en formation, dans l’événementiel, en médecine..."
Arnaud Jopart le constate toutefois: même si les décideurs sont souvent très intéressés par ces technologies, l’adoption est plus compliquée sur le terrain, "parce qu’on perturbe le travail des gens, qui doivent se former à l’outil, changer de méthode… Mais en général, une fois qu’ils ont appris à s’en servir, ils sont convaincus."
"Je trouve quand même que l'acceptation dans le grand public reste assez limitée."
"Il n'y a pas encore eu d’application qui a tout changé dans le quotidien, qui a convaincu les gens d’acheter un casque, de la même manière qu’un jour, ils ont acheté un smartphone."
"Peut-être que ce n’est pas destiné à tout le monde, en fait… Mais si je devais miser sur une technologie susceptible de provoquer ce changement de paradigme, ce serait l’AR plutôt que la VR. Pourquoi? Parce que finalement, on n’a besoin que d'un téléphone. A contrario, la réalité virtuelle nécessite tout un appareillage spécifique. En réalité augmentée, rien n’empêchera, d'ici quelques années, d’avoir des lunettes presque aussi minces que des lunettes de soleil ordinaires, et qui permettront d’intégrer des hologrammes, etc. Vous pourriez très bien visualiser des informations GPS en vous promenant…"
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