À Bruxelles comme dans d'autres villes, l'heure est à la réduction émissions de CO2 – notamment celles liées au transport. Des centres de distribution aux vélos-cargos, la logistique urbaine se réinvente.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, le transport serait aujourd'hui responsable de 21% des émissions mondiales de CO2, dont une petite moitié (8%) attribuable à la logistique, soit davantage que des secteurs comme l'élevage ou la chimie. À l'enjeu climatique que représentent ces émissions s'ajoute, en ville, celui de la qualité de l'air. Deux bonnes raisons de chercher à réduire l'impact.
"La problématique de la logistique urbaine, c'est surtout celle des derniers kilomètres", explique Charlotte Mikolajczak, maître assistante à l'EPHEC, qui aborde ces notions en option "gestion", dans le cadre du bac comptabilité.
Bruxelles, si l'on prend cet exemple, est une ville qui bénéficie de bons accès logistiques: une bonne connexion au réseau (auto)routier et aux chemins de fer, un aéroport et même un canal maritime. Y faire parvenir des marchandises n'est pas un problème; les acheminer jusqu'aux magasins et aux entreprises peut s'avérer plus difficile. Aux embouteillages et aux difficultés de parking s'ajoutent désormais les mesures prises pour apaiser le trafic et réduire la pollution: sens uniques, boucles de circulation, zone 30 généralisée, zone basses émissions… Tous les véhicules ne sont plus les bienvenus.
C'est dans ce contexte qu'est née Urbike. "Il s'agit d'une coopérative qui propose, depuis quelques années, des services de livraison à vélo", précise Mme Mikolajczak. "Ils utilisent des vélos-cargos qui peuvent transporter 1 à 2 m3, ce qui suffit pour une grande variété de marchandises. Ils travaillent d'ailleurs avec des entreprises comme Delhaize, des pharmacies, la robinetterie Facq et même le marchand de matériaux Carodec." L'avantage n'est pas seulement écologique :
"Dans la circulation urbaine, les vélos sont souvent beaucoup plus rapides que les camions sur des distances courtes, jusqu'à une douzaine de kilomètres dans le cas d'Urbike."
L'enjeu, pour conserver cet avantage, est de bien gérer les ruptures de charge. C'est pourquoi Urbike utilise plusieurs "hubs" répartis dans la ville, où les marchandises entrant dans Bruxelles peuvent être stockées, triées et redistribuées.
"Bien entendu, cela ne convient pas à toutes les marchandises, mais cela répond à la nécessité de développer une logistique plus verte. Cela s'inscrit dans une réflexion globale que peuvent avoir les entreprises sur leur chaîne logistique, à courte ou à longue distance: a-t-on vraiment besoin de faire venir telle marchandise de l'autre bout du monde? N'y a-t-il pas d'alternative plus proche? Ne peut-on organiser le transport par train ou par voie d'eau, quitte à mutualiser? La récente pandémie l'a montré: si on parvient à créer de la valeur avec des circuits plus courts, on est beaucoup plus résilients."
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