Vous l’avez sans doute remarqué ces derniers temps dans votre supermarché: les produits manquants en rayon sont plus nombreux que d’habitude. C’est le symptôme de perturbations qui touchent les chaînes d’approvisionnement mondiales, dans de nombreux domaines.
Les raisons de cette "crise logistique" sont largement liées à la pandémie de covid-19 qui a désorganisé le travail, provoqué des quarantaines, des fermetures de frontières – et qui dure depuis bientôt deux ans. "Mais je dois dire que les derniers mois sont les plus compliqués qu’on ait vécus jusqu’à présent", témoigne Peter Dejonghe, Supply Chain Manager pour la Belgique chez Puratos. "La demande a nettement repris, mais les transports n’ont pas suivi: il n’y a pas assez de camions, de chauffeurs ni de bateaux disponibles. À cela s’est ajoutée la 4e vague du virus, qui a entraîné des absences de personnel pour cause de maladie ou de quarantaine."
Pour Puratos, acteur mondial du secteur alimentaire, avec des activités dans plus de 70 pays, le problème est sérieux. "Nos chaînes logistiques sont évidemment complexes, avec différents intervenants et divers produits qui ont leurs spécificités. Le chocolat, par exemple: les fèves de cacao sont importées des pays producteurs mais, avant de nous être livrées, elles sont transformées en masse de cacao par des partenaires, généralement en Europe. Nous coordonnons la chaîne, mais il y a beaucoup d’acteurs."
Tous ou presque sont aujourd’hui touchés par des perturbations, avec des effets en cascade.
"Depuis 2020, on tâche d’améliorer notre résilience, mais on touche aux limites parce que toutes les fragilités cèdent simultanément : les matières premières, les capacités de transport, les gens…"
Comment renforcer la chaîne? "Le premier élément de réponse, c’est la transparence. On doit l’augmenter à chaque étape, pour que chaque partenaire ait une meilleure visibilité. Ensuite, on doit davantage travailler sur plusieurs scénarios; pas seulement le scénario probable, mais aussi le ‘best case’ et le ‘worst case’. Enfin, il faut prévoir davantage de ‘buffers’, de tampons placés au long de la chaîne pour absorber les chocs."
Enfin, M. Dejonghe souligne un risque croissant: celui du "bullwhip effect" ou "coup de fouet". Il se produit quand plusieurs acteurs de la chaîne logistique surréagissent: si la demande augmente, le détaillant veut augmenter ses stocks; il commande davantage au grossiste, qui fait de même auprès du fabricant… Imaginez que chaque détaillant en fasse autant: l’onde se propage et grossit tout au long de la chaîne, mais n’a plus forcément de lien avec la demande initiale. "Il est très possible qu’en 2022, on aboutisse à des surplus de stocks à tous les niveaux, parce que chacun aura pris une marge de sécurité. C’est très difficile à prévoir et c’est aussi pour cela qu’il faut rendre la chaîne plus transparente: afin de prendre les bonnes décisions au bon moment."
Info: Puratos
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