Stratégie d’entreprise: peut-on prévoir l’imprévisible?

6/4/2021
Entreprendre
(photo Pixabay)

Gouverner, c’est prévoir: ce qui vaut pour les affaires de l’État vaut pour celles de l’entreprise. Chaque jour, l’entrepreneur est confronté à des décisions qui engagent l’avenir de son activité. Mieux vaut donc avoir bonne vue.

Mais l’avenir est par nature incertain; il dépend de multiples paramètres qui interagissent en un système chaotique, un peu comparable à la météo. Alors, à quelles prévisions se fier? Nous avons posé la question à Pierre-Alain Scharff, consultant en stratégie, chargé de cours en typologie des business models et plans stratégiques, à l’Ephec.

"On distingue trois grands types de prévisions", explique-t-il. "Il y a d'abord l'extrapolation, qui est assez simple : c’est le futur prévisible. Par exemple les marées ou les phases de la Lune: cela change tout le temps, mais de manière prévisible. Dans le monde de l’entreprise, on peut extrapoler quand on dispose de variables assez sûres ou d’un historique assez constant et qu’on ne voit aucun élément qui puisse modifier le cours des événements."

"Le deuxième type, c’est ce qu’on appelle l'éventail des possibles: on ne peut plus extrapoler mais on peut tenir compte de trois ou quatre éventualités significatives par rapport à l’activité et à la situation de l’entreprise."

"L’incertitude est plus grande, mais on peut identifier des scénarios. Et puis, il y a le ‘futur alternatif’, l’élément imprévu – par exemple, une météorite qui s’écrase ou le covid qui survient."

"L'extrapolation, dans le monde de l’entreprise, est de moins en moins fiable. Quant au troisième scénario, celui du futur alternatif, il est intellectuellement intéressant mais relativement peu utile pour piloter une entreprise, a fortiori une PME."

Reste donc l’éventail des possibles. Comment l’exploiter au profit de la stratégie d’entreprise? "On réunit quelques personnes qui connaissent bien le business, le secteur de l’entreprise concernée, et on les fait réfléchir. Généralement, on se fait aider par un facilitateur externe, et on va développer ensemble un éventail de scénarios: que se passe-t-il si on perd ce gros client? Dans le cadre de la crise du covid, que se passe-t-il si on déconfine en avril ou plutôt en septembre? On va retenir trois ou quatre hypothèses, les plus probables, définir des réponses possibles et mettre en place des indicateurs qui vont nous permettre de voir à temps vers quel type de futur on se dirige. Le but, c’est de ne pas être pris au dépourvu, pouvoir ressortir le bon scénario, l’adapter et réagir rapidement."

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