Est-ce bien le moment d'exporter?

28/3/2022
Entreprendre
Statue d'Atlas par Lee Lawrie, devant le Rockefeller Center à New York (Photo Siddhant Kumar/Unsplash).

Épidémie de covid-19, guerre en Ukraine: deux crises très différentes, mais qui toutes deux affectent profondément le commerce international. Un enjeu considérable pour les entreprises belges, grandes exportatrices.

C'est aujourd'hui une tendance : le commerce international se régionalise. La grande exportation se contracte (un peu), au profit de circuits plus proches.

À cela, plusieurs raisons, explique Barbara Brooijmans, directrice des relations internationales à l’EPHEC. "Il y a bien sûr la situation géopolitique actuelle, avec la guerre en Ukraine, les craintes qu'elle provoque, les sanctions et toutes leurs conséquences. En réalité, cette régionalisation était déjà à l'œuvre pendant la pandémie, puisque les règles d'ouverture des frontières ont été fort différentes et qu'il a évidemment été plus simple pour nos entreprises, à un moment donné, d'exporter à l'intérieur de l'Union Européenne. À quoi se sont ajoutées les difficultés des chaînes d'approvisionnement, liées en partie à la fermeture des frontières mais aussi à l'augmentation du prix des matières premières, qui ont encouragé le recours à des chaînes logistiques plus courtes. Sans oublier la question énergétique."

"Je citerais encore deux éléments, qui relèvent de la responsabilité sociale des entreprises: la problématique des droits humains et celle de l'environnement, avec la nécessité de se positionner de manière à la fois plus éthique et plus durable, aussi bien vis-à-vis des consommateurs que de leurs partenaires, où qu'ils se situent dans la chaîne de valeur."

Voilà pourquoi les exportateurs ont tendance à se replier vers l'étranger proche: les pays voisins, l'aire continentale, culturelle ou socio-politique. Au-delà de la sphère européenne, c'est aussi celle des pays "occidentaux" : "Le Canada, les États-Unis restent des pays qui nous sont liés. On observe aussi un regain d'intérêt pour l'Afrique", note Mme Brooijmans.

Serait-ce la fin de la mondialisation triomphante que l'on a connue dans les années 1990-2000? "Je ne le crois pas. C'est peut-être la fin d'une certaine mondialisation à outrance, qui a fait l'impasse sur la seule question intéressante: celle du bénéfice humain. Pensons à l'aviation low-cost: est-ce vraiment une bonne chose de partir dans le sud de l'Espagne pour 15 euros? Est-ce que cela correspond à nos valeurs?"

"Je pense qu'il va falloir trouver une autre mondialisation, plus responsable, plus sûre aussi, avec d'autres règles, où le bénéfice pur n'est plus la seule motivation de chaque entreprise ou de chaque consommateur."

Est-ce donc bien le moment d'exporter? "Je pense qu'il faut oser, en étant bien préparé et avec un soutien nécessaire – celui de l'Awex, celui de Hub.brussels et d'autres structures. Il ne faut pas oublier que le marché wallon, bruxellois ou belge sont extrêmement petits. Il vient un moment où toute entreprise qui souhaite s'étendre a forcément besoin de se tourner vers l'étranger."

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