Un quart des PME et des indépendants belges travailleraient désormais à perte, annonçait l'Unizo au mois d'août. Face à la crise énergétique et à l'inflation, que peuvent faire les entrepreneurs? Les réponses d'Olivier Willocx (Beci).
"La détresse des entrepreneurs est réelle", confirme Olivier Willocx, CEO de Beci (la Chambre de Commerce de Bruxelles). "On la mesure dans nos propres sondages, auprès de nos membres. Nous sommes confrontés à une triple difficulté: le contexte post-covid, la crise énergétique et l'augmentation des salaires. L'impact varie selon les secteurs: dans le monde des services, c'est surtout la probable indexation des salaires de 11% en janvier qui risque de faire mal. L'impact est aussi variable parmi les entreprises d'un même secteur: dans la transformation, ceux qui ont un contrat d'énergie à taux fixe ne se plaignent pas..."
Mais pour ceux qui souffrent, que faire face à la crise? "Devant un tsunami, il y a deux façons de réagir: soit en essayant de grimper sur la montagne, soit en montant dans un bateau. La seule chose à ne pas faire, c'est ne pas bouger. Ce que j'observe parmi les entreprises, entre celles qui s'en sortent ou pas, c'est que la différence tient souvent à l'état d'esprit. D'un côté, il y a ceux qui se demandent comment s'ajuster et de l'autre, ceux qui consacrent leur énergie à chercher des coupables."
"Il va probablement falloir reformer les gens à la notion d'agilité – et aussi à ne plus prendre les événements à titre personnel, comme autant de chocs émotionnels. Le monde est en train de changer, plus vite que jamais. L'enjeu, c'est donc comment passer en 'mode agile'. Pour cela, il est fondamental de parvenir à s'abstraire des problèmes quotidiens pour re-réfléchir son business model."
"Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait les modèles ont déjà changé. Je pense que les solutions à la crise actuelle étaient déjà là il y a deux ans. Souvent, l'entrepreneur y a déjà pensé, il a déjà envisagé des transformations de son modèle, mais il n'est pas allé au bout, faute de temps ou par souci de stabilité."
"Aujourd'hui, ce statu quo n'est plus possible. Il faut donc ressortir les projets des cartons et décider ce qu'on fait ou pas. Mieux vaut le faire tant qu'il reste quelque chose à perdre. Après, ce sera trop tard."
Olivier Willocx tire tout de même de la crise certains constats positifs, dont celui-ci: "Les litiges entre entreprises sont moins durs. On voit aujourd'hui des PRJ et des médiations qu'on ne voyait pas avant. Tout le monde a compris qu'être dur ne servait à rien. Si j'exploite un centre commercial, je peux assigner tous les commerçants en défaut de loyer et les mettre en faillite. Et après? J'aurai un centre commercial vide, que je ne pourrai peut-être jamais réanimer. Donc, on cherche des solutions. Je trouve extraordinaire ce regain de solidarité entre les acteurs, même quand ils ont toutes les raisons d'être fâchés. Si on obtient ce changement de mentalité, on aura gagné quelque chose."
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