De l'idée à la scale-up

15/2/2022
Entreprendre
(Photo David Reed/Pixabay)

Xavier Corman est ce qu'on peut appeler un "serial entrepreneur". Après avoir fondé puis quitté la fintech Edebex, il est aujourd'hui actif dans plusieurs entreprises: Catlion, Tafsquare, My-stand... Nous lui avons demandé sa recette pour passer de l'idée à la start-up, puis à la scale-up.

"Je ne pense pas que le succès d'une société se fasse sur une bonne idée", assène-t-il. "Pour moi, les idées ne valent pas grand-chose. Je suis capable d'en avoir une par jour ; ça ne veut pas dire qu'elle soit bonne. Ce qui est beaucoup plus important, c'est la réalisation. Souvent, les projets qui marchent bien sont fondés sur une idée déjà existante, mais qui est mieux réalisée."

Mais alors, comment mettre en œuvre un projet qui fonctionne? "Par essais et erreurs. Je crois beaucoup au 'bootstrapping' – le fait de partir de zéro pour construire un business. Dans le domaine de la tech, où les budgets de démarrage ne sont pas forcément énormes, c'est possible. Il faut essayer, se tromper, corriger… quitte à bricoler un peu pour livrer les premiers clients, pour autant qu'on soit transparent avec eux. C'est très empirique, mais ça permet souvent de trouver la bonne formule."

"Ensuite – c'est peut-être encore plus important, et encore plus difficile – il faut s'entourer de gens compétents et impliqués. Ma première règle, c'est d'éviter de m'associer avec des proches. Je deviens ami avec mes associés, mais je ne m’associe pas avec mes amis ! La deuxième règle, c'est de ne pas lancer de projet en fonction des personnes qu'on rencontre et qui vous semblent bien. J'adopte la démarche inverse: si j'ai un projet, je dresse les profils idéaux, puis j'essaie de les trouver et de les convaincre de rejoindre l'équipe."

La difficulté suivante, quand un projet démontre sa viabilité, c'est d'entrer en phase de croissance : passer de la start-up à la scale-up. Beaucoup de "jeunes pousses" n'y arrivent jamais.

"Dans cette deuxième phase, le plus important est de mettre en place des process, sans quoi on aura du mal à développer des gros volumes. Il faut donc des gens capables d'appliquer ces process – et ce ne sont pas les mêmes profils qu'au départ. Beaucoup d'entrepreneurs ont de bonnes idées, parviennent à démarrer une activité, mais n'arrivent pas à mettre en place les process et les équipes nécessaires. Ça peut s'avérer difficile pour des entrepreneurs très créatifs, parce que c'est moins amusant, mais c'est indispensable si on veut changer d'échelle."

Parfois, ce moment-pivot peut provoquer le départ d'un ou plusieurs associés, s'ils ne s'y reconnaissent plus. "C'est naturel. Il faut accepter que le projet évolue et que certains s'en aillent. Je crois qu'il faut l'intégrer dès le départ et prévoir des modalités pour faciliter la sortie, dans l'intérêt de toutes les parties. Pour que celui qui part ne le vive pas comme un échec, mais aussi pour que le projet puisse continuer sans cette personne."

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