Faut-il (vraiment) lever des fonds?

"La question du financement dépend du projet. Certains n'en ont pas besoin parce qu'ils n'ont pas vocation à être 'scalables' – ou échelonnables, si l'on préfère", entame notre interlocuteur, qui illustre: "Si vous voulez ouvrir une boulangerie, un prêt bancaire avec un apport de fonds propres suffiront. En revanche, si votre ambition est de déployer un nouveau concept de distribution de pâtisseries dans le monde entier, ce sera sans doute nécessaire, parce que vous devrez aller vite pour prendre place sur le marché. C'est le point commun des sociétés qui doivent lever des fonds : la vitesse de développement. L'argent permet d'acheter du temps. Même si un projet démarre bien et devient rapidement rentable, lever des fonds permet d'accélérer encore."

Trouver l'argent? Pour Xavier Corman, ce n'est pas forcément le problème. "Il est vrai que l'argent s'est un peu raréfié ces derniers mois, en raison de la crise internationale. Les investisseurs sont plus timides, ils analysent davantage et proposent des valorisations plus basses, mais ils sont toujours là. La question, c'est plutôt la qualité du projet."

"Il y a de bons projets, des projets sexy qui intéressent tout le monde, et puis des projets qui n'intéressent personne."

"Avec un bon projet – un projet qui répond à certains critères – vous n'aurez pas trop de difficultés à trouver des investisseurs. Avec un projet moins bon, même s'il y a des liquidités sur le marché, vous ne parviendrez pas à convaincre."

Un projet, ce n'est pas seulement une idée: "Les investisseurs misent aussi, voire surtout, sur des personnes. Quand vous présentez un projet, la première question que se posent les investisseurs est de savoir si vous avez la bonne équipe pour atteindre la prochaine étape, même si l'idée est moyenne. L'important, c'est d'être capable de la réaliser."

Trouver des investisseurs n'a cependant pas que des avantages: en échange des moyens apportés, ils exigeront un droit de regard sur la gestion du projet, voire un droit de codécision. "C'est vrai, les visions ou les objectifs peuvent diverger. On a même vu des boîtes – y compris de très belles boîtes – coulées par leurs investisseurs. Il faut donc être prudent. Après, la vision de l'investisseur peut être très intéressante: si vous trouvez des gens qui ont de l'expertise dans votre secteur, ils pourront vous ouvrir des portes, attirer votre attention sur certaines problématiques qui pourraient vous échapper, vous apporter des pistes de solution… Il faut savoir avec qui on s'associe et comment est partagé le pouvoir, mais tout se prépare et se négocie."‍

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