Catastrophes naturelles, pandémie, cybersécurité…: l’actualité récente semble montrer une aggravation des risques auxquels sont exposés les citoyens et les entreprises. Comment s’en prémunir? Et que font les assureurs?
"Je ne pense pas que les risques soient plus nombreux qu’avant, mais ils évoluent", entame Gaëtan Lefèvre, président de Belrim, l’association belge des risk managers.
"Prenons trois exemples. Le premier, ce sont les catastrophes naturelles: les inondations, les tempêtes, les incendies de forêts prennent une nouvelle ampleur – comme on l’a vu cet été en région liégeoise. Le deuxième, c’est évidemment la pandémie actuelle: il y a eu des précédents, comme la grippe asiatique de 1957-58, mais dans un monde qui était moins connecté. Enfin, on ne peut pas ignorer l’augmentation des risques informatiques: cyberattaques, rançonnage, etc. Mais ce n’est jamais qu’une nouvelle forme de ce qu’on appelait le sabotage, avec de nouveaux outils. Tous ces risques ne sont donc pas vraiment nouveaux; ce sont leur fréquence et leur gravité qui augmentent."
Ce qui complique l’équation, c’est que le fonctionnement de notre société repose plus que jamais sur la technologie et les échanges. Des perturbations locales, dont les conséquences auraient été naguère limitées, peuvent se propager rapidement et à grande échelle. "C’est l’effet papillon: un navire bloque le canal de Suez pendant quelques jours, et l’addition pour l’économie mondiale se compte en dizaines de milliards d’euros..."
Dans un tel environnement, les assureurs perdent leurs repères.
"Traditionnellement, les assureurs calculent leurs risques en fonction des statistiques du passé, mais celles-ci ne sont plus représentatives. Le calcul n’est plus valable; le taux de risque explose et le redressement des primes est brutal."
Le danger, c’est de ne plus pouvoir couvrir certains risques: "Aujourd’hui, la gestion des risques est en transition; il faut trouver un nouvel équilibre. Dans certains domaines où il était assez facile de s’assurer à un coût raisonnable, les entreprises n’ont peut-être pas suffisamment investi dans la prévention et la protection – la cybersécurité est un bon exemple. La problématique des assurances va les pousser à le faire, ce qui est sain. Ensuite, je pense qu’il faut considérer les risk managers comme des lanceurs d’alertes. La crise actuelle a montré leur utilité. De leur côté, les assureurs travaillent à de nouvelles approches pour calculer les risques, avec de nouveaux outils de pondération qui font notamment appel au big data. Mais ils ne doivent surtout pas oublier leur raison d’être: à l’origine, ce sont d’abord les commerçants, en particulier les armateurs, qui ont mis en place des assurances pour répartir leurs risques. Les assureurs sont nés pour accompagner le développement économique. Ils doivent conserver ce rôle pour rester crédibles."
Info : Belrim
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