Qu'allons-nous devenir? L'inquiétude grandit face aux crises énergétique, climatique, économique, politique… Comment enrayer le malaise? L'économiste Etienne de Callataÿ, qui sera l'invité de la prochaine rentrée académique à l'EPHEC, en appelle à la volonté et à l'action. Car il en est persuadé, "Il y a moyen de faire mieux!"
Des crises, nous en avons déjà connues. "C'est même un état permanent de nos sociétés", observe Etienne de Callataÿ. Quatre décennies de guerre froide, deux chocs pétroliers, une crise financière… "Notre mauvaise mémoire nous fait croire que certaines périodes ont été exemptes de crises, mais il y en a toujours eu."
"Ce qui est différent aujourd'hui", estime-t-il, "c'est qu'on ressent, dans les pays occidentaux, une forme d'épuisement du modèle social que nous avons construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cela crée chez certains citoyens un sentiment de perte de protection, qui les amène à redouter le lendemain, donc à cultiver une certaine nostalgie, qui est une brèche dans laquelle s'engouffrent les populistes." Une inquiétude qui se traduit régulièrement dans les urnes…
"Le monde d'aujourd'hui, que l'on dit fondé sur des principes d'économie de marché hérités d'Adam Smith, nous a conduits à une forme d'impasse, à la fois en termes de bien-être psychique collectif et en termes de soutenabilité environnementale", poursuit l'économiste, qui cite l'énergie en exemple. "Nous aurions dû avoir l'intelligence de consommer moins d'énergie. Nous savions que c'était mauvais: cela fait 50 ans qu'est sorti le rapport du Club de Rome, qui tirait la sonnette d'alarme sur l'environnement. Aujourd'hui, nous allons peut-être changer de comportement parce que l'énergie est chère ; j'aurais préféré que nous n'ayons pas à passer par cette étape. En fait, nous sommes des myopes, des doux naïfs, des pas très malins…"
"Nous devons prendre conscience des dangers environnementaux, des limites du capitalisme, des vertus de la démocratie. C'est pourquoi l'éducation est fondamentale, que ce soit à l'EPHEC ou ailleurs."
Comment sortir de l'impasse? "Il faut prendre conscience du fait que la situation actuelle ne peut être considérée comme satisfaisante. Le fait qu'à Bruxelles, quatre enfants sur dix grandissent dans la précarité, cela me fait froid dans le dos. La pauvreté est souvent cachée, vous pouvez parfaitement vivre, étudier, travailler, tout en passant à côté des réalités sociales. Donc, il faut commencer par ouvrir les yeux. Et puis il faut un projet, il faut se mobiliser en vue de corriger cela. Et ce sera très stimulant de se dire que l'on fera évoluer la planète dans le bon sens, qu'on sera des acteurs de changement."
Pas de pessimisme pour Etienne de Callataÿ: "Comme simple économiste, je pense qu'il y a moyen de faire mieux. J'ajouterais que c'est un devoir éthique. Soyons utiles! C'est un mot qui est parfois décrié comme matérialiste, mais qui donne du sens!"
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