Construire une nouvelle vision du monde, universelle et désirable, voilà l’un des grands enjeux de notre temps. Ce nouveau récit collectif, chacun d’entre nous est appelé à y contribuer, explique Stanislas van Wassenhove.
Stanislas van Wassenhove est juriste, mais il est aussi le fondateur de la l’asbl Trans-mutation: une association qui s’est donné pour vocation "d'inspirer, rencontrer, échanger" afin d’encourager le changement face aux défis auxquels notre société est confrontée. À ce titre, il participait à la table ronde organisée lors de la rentrée académique de l’EPEHC consacrée à la transition.
"Dans un sens, nous vivons une époque formidable", estime-t-il. "Peu de gens, dans l’histoire de l’humanité, ont connu des changements aussi rapides et aussi fondamentaux qu’aujourd’hui, tout en étant conscients de ces changements."
Dans le même temps, les transitions en cours – climatique, écologique, énergétique, numérique… – mettent la société à rude épreuve et provoquent de dangereuses tensions. Or, "la cohésion des cultures et des sociétés, elle se construit autour du récit collectif", explique M. van Wassenhove. "Yuval Noah Harari le démontre très bien dans ‘Sapiens’. Dans le passé, les grandes religions monothéistes ont joué ce rôle d’inspiration de la société par un grand récit: c’est qui a permis son développement. Mais Harari démontre aussi que les récits collectifs du 19e et du 20e siècles, ceux de la révolution industrielle puis des grands dogmatismes que sont le communisme, le fascisme, le néo-libéralisme, se sont éteints. Les religions elles-mêmes ont été remises en question. On a vécu avec beaucoup de certitudes et aujourd'hui, on est dans un phénomène d'incertitude totale."
L’un des enjeux de notre temps serait donc de construire un nouveau récit collectif, de ceux qui permettent de "soulever les montagnes".
"Je pense que le récit de la crise écologique ou de l'effondrement ne sont pas suffisamment mobilisateurs. Ce sont des récits angoissants, qui n’offrent pas la vision d’un futur désirable et auxquels il manque une spiritualité."
Cette vision, Stanislas van Wassenhove en trouve les possibles fondements chez le maître indien Satish Kumar, ancien moine jaïn, militant pacifiste et promoteur de la simplicité volontaire. "Ce que décrit Kumar, c’est une société à trois dimensions: l'âme individuelle, la collectivité humaine et la nature. C’est tout le contraire du récit pyramidal judéo-chrétien, qui place l’homme au-dessus de la nature et en-dessous de Dieu. Nous ne sommes pas au-dessus de la nature; ces trois éléments doivent fonctionner ensemble."
"Le paradoxe aujourd’hui, c’est que nous sommes très connectés aux autres et à la société. Nous devons d’abord nous reconnecter à nous-mêmes et surtout nous reconnecter à la nature. Je pense que ça, c’est peut-être l’ébauche d’un nouveau récit."
Plus d’info : Trans-mutation asbl
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