Le climat change. Et nous?

16/3/2022
Idées
(Photo J. Bezanger/Unsplash)

Les bouleversements écologiques annoncés depuis les années 1970 se produisent sous nos yeux. Nous savons ce qu'il faudrait faire pour les freiner. Pourtant, nous agissons trop peu ou trop lentement. Pourquoi?


Changer réclame de la volonté et présente un risque: c'est accepter d'abandonner une situation connue pour une autre, qui comprend forcément des incertitudes. Dès lors, résister au changement semble une attitude naturelle. On la rencontre dans de nombreuses situations privées comme professionnelles – ou face à des enjeux de société.

"La résistance au changement est l'une des thématiques associées aux problèmes environnementaux", indique Lara Vanderstichelen, Coordinatrice développement durable à l'EPHEC. Pour mieux l'aborder, elle s'est intéressée au modèle ADKAR, développé dans les années 1980 comme outil de gestion du changement. "Ce modèle permet d'identifier les freins et les leviers dans une démarche de changement individuel. On l'utilise plutôt en entreprise, par exemple dans le cadre de la digitalisation."

ADKAR est un acronyme correspondant à 5 étapes: 'awareness' (la prise de conscience), 'desire' (le désir de changement), 'knowledge' (la connaissance nécessaire à sa mise en œuvre), 'ability' (la capacité de mise en œuvre) et 'reinforcement' (le renforcement des nouvelles attitudes).

Où en sommes-nous face aux crises environnementales? "On peut dire que la conscientisation est acquise, surtout chez les jeunes. L'envie est là aussi, mais il faut rester nuancés : beaucoup de gens souhaitent la transition, mais la volonté et la motivation personnelle sont inégales."

"Même parmi les jeunes, on sent qu'il reste difficile d'envisager positivement un mode de vie plus frugal, moins consommateur."

On touche là au cœur du mécanisme de résistance: "C'est en lien avec la première étape, celle de la conscientisation. Il y a eu et il reste beaucoup de désinformation sur les enjeux environnementaux; cela peut engendrer une attitude critique quant aux informations que l'on reçoit. Comme ces informations remettent en cause notre mode de vie, on a plus facilement tendance à retarder le changement, en attendant que l'info soit sûre. Curieusement, c'est à l'opposé du principe de précaution inscrit dans les textes européens: selon ce principe, si l'enjeu est important, même si le risque n'est pas établi avec certitude, on encourage les décideurs à agir. Individuellement, on fait le contraire."

Les étapes suivantes (knowledge, ability, reinforcement) dépendent évidemment du désir de changement. Que faire pour le provoquer? "À titre individuel, s'informer sur les nécessités du changement, sur le risque de statu quo, rechercher des modèles. S'engager dans le collectif, dans des associations. Mais la première étape, pour tout le monde, serait peut-être de dépasser certains préjugés vis-à-vis de la durabilité, ce sentiment que 'ce n'est pas pour nous' ou que 'c'est un truc de bobos'. Ce serait vraiment intéressant et constructif."

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