Temps de travail: en quête d’équilibre

7/6/2021
RH & Carrière
(Photo Pixabay)

Télétravail, chômage temporaire ou, au contraire, heures supplémentaires: l’épidémie de covid-19 a bousculé les rythmes professionnels. Au point de les faire évoluer?

Ce qui était naguère un choix, voire le privilège de quelques-uns, est brusquement devenu une obligation pour (presque) tous: en 2020, l’épidémie de covid-19 a généralisé le travail à distance. Avec certains avantages (moins de déplacements, possibilité de mieux se concentrer à domicile…), mais aussi des inconvénients (perte de liens sociaux, difficulté à mener des projets collectifs, parasitage entre travail et vie privée…). Dans le même temps, certains ont travaillé beaucoup plus… ou beaucoup moins! Et demain? Faudra-t-il adapter la législation à de nouveaux rythmes de travail?

"Le travail à distance était déjà inscrit dans la loi", rappelle Giuseppe Torreni, avocat spécialisé en droit du travail et professeur de droit social à l’EPHEC. "Soit il s’agissait de télétravail occasionnel, par exemple pour garder un enfant malade, soit de télétravail structurel, prévu par une annexe au contrat de travail. Dans ce cas, il y avait certaines obligations pour l’employeur, généralement limitées à l’aspect matériel. On se contentait de s’assurer que vous aviez une bonne chaise et un bon écran…"

Ce télétravail structurel était régi par une convention collective de travail, la CCT 85, datant de 2005. Depuis janvier dernier, elle est complétée par la CCT 149, qui fixe un cadre au télétravail obligatoire.

"Ce qui est neuf, c’est qu’au-delà du confort de travail, la CCT prend en considération le bien-être psychologique du travailleur et notamment la préservation des liens sociaux avec ses collègues."

Toutefois, la CCT 149 est temporaire: conçue pour répondre à la crise sanitaire, elle est valable jusqu’à la fin 2021. "Cela représente tout de même une avancée", reprend M. Torreni. "Je pense que cela peut baliser la relation quand on reviendra à un télétravail structurel mais raisonnable, un à deux jours par semaine."

D’autres mesures ont été prises à la faveur de l’épidémie : augmentation du nombre d’heures supplémentaires permises dans les secteurs-clés, crédit-temps dans les entreprises en difficulté… "Bien sûr, ce sont des dispositions transitoires, mais elles ouvrent des perspectives. Le crédit-temps permet une certaine redistribution du travail, donc la préservation ou la création d’emplois. Imaginez un travailleur qui prend un crédit d’un jour par semaine et qui télétravaille un autre jour: on retrouve un meilleur équilibre de vie. D’un point de vue plus global, cela permet de dégager des solutions satisfaisantes pour tout le monde: pour le travailleur, pour l’employeur et pour la société en général. Cela me semble très prometteur."

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