Beaucoup d’entreprises et de travailleurs s’interrogent: comment retourner au bureau après 18 mois de perturbations et de télétravail plus ou moins forcé? Les recommandations de Laurent Kahn (BAO Group), coach et consultant.
Il s’en est passé des choses dans les bureaux – mais surtout hors des bureaux – depuis l’éruption en Belgique de l’épidémie de covid-19, au printemps 2020. Brutalement, tous les travailleurs qui le pouvaient ont été priés de rester chez eux et de se convertir au travail à distance. Dix-huit mois plus tard, beaucoup y sont encore. Dans le même temps, beaucoup d’entreprises commencent à rapatrier leurs collaborateurs au bureau, plusieurs jours par semaine, voire à temps plein.
Ce retour ne va cependant pas de soi, avertit Laurent Kahn (BAO Group et Cohezio):
"Les employeurs ne doivent surtout pas s’imaginer que le retour en présentiel est une simple opération technique et qu’il suffit de la décider pour que cela se passe sereinement."
C’est que beaucoup de gens ont changé de rythme en télétravail. Ils y ont parfois gagné en confort ou en sérénité ce qu’ils ont peut-être perdu en lien sociaux ou en dynamique collective. Bref, si certains sont très heureux de revenir au bureau, d’autres ne le souhaitent par forcément, ou pas tous les jours. "Il faut le comprendre et en tenir compte, donc accompagner ce retour au bureau. Avant tout, il faut être à l’écoute des personnes, comprendre quels sont les freins, les peurs et les blocages. Ensuite, il faut prendre en considération l’émotionnel; le retour au bureau ne se résume pas aux aspects pratiques, comme le fait de se retrouver dans les embouteillages; ce sont aussi des aspects humains. Enfin, il faut informer et favoriser le partage. On renoue avec le groupe: organiser des réunions, peut-être sous forme de drink ou de petit-déjeuner, est une bonne idée."
Laurent Kahn l’observe: dans beaucoup d’entreprises, il semble clair que le télétravail va s’installer de manière structurelle, un ou plusieurs jours par semaine. "Cette recherche d’un nouvel équilibre me semble très intéressante, surtout si la démarche n’est pas imposée mais discutée avec les collaborateurs." Et même s’il est encore tôt pour l’affirmer, il est probable que l’on ne reviendra pas au "monde d’avant": "Très peu d’entreprises peuvent prétendre que la crise n’aura pas d’impact sur leur fonctionnement. C’est pourquoi il est important de dire clairement quelle est la vision, la partager et l’expliquer."
Sur un plan individuel enfin, comment se faciliter le retour au bureau et s’ajuster à un nouveau changement de rythme? "Il faut se rappeler que rien n'est permanent, que la vie est instable par nature et que l'humain est appelé à s'y adapter continuellement. Si on refuse cette réalité, on crée de la tension; tout devient plus fluide dès qu’on l’accepte."
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