Quel est votre rapport à l’argent et que révèle-t-il de vous? Quelle place voulez-vous lui donner dans votre vie? Ancien banquier, Christian Junod explore ces questions depuis près de 15 ans dans ses livres et ses conférences. Au mois de mai, il les abordera pour le public de l’Ephec.
"Je pense qu’on accorde beaucoup trop de pouvoir à l’argent", entame Christian Junod. "Un pouvoir qu’il n’a pas. On lui demande de nous rendre heureux, de nous rendre libres, d’assurer notre sécurité, mais c’est impossible."
Économiste, ancien conseiller en placements, il sait de quoi il parle: "J’ai eu affaire à des gens qui avaient plus d'argent que la moyenne, parfois beaucoup plus, et je peux vous affirmer qu’ils n'étaient pas plus heureux pour autant. J’ai rencontré des millionnaires qui avaient peur de manquer, ou pour qui l’argent devenait un gros souci à gérer."
"Il y a donc une déformation du regard que nous portons sur l’argent, d’autant plus grande que le sujet est tabou : on évite d’évoquer nos revenus et tout ce qui se rapporte à l’argent, comme si cela avait quelque chose de honteux."
La relation que nous entretenons avec l’argent est un révélateur, poursuit-il.
"La façon dont on l’économise, la façon dont on dépense notre argent parlent de notre rapport à nous-mêmes, de notre rapport aux autres – et même à la vie au sens large."
"Est-ce qu’on s’autorise à le dépenser ou pas? Est-ce qu’on est capable de se faire plaisir, comme de faire plaisir aux autres? Est-ce qu’on peut gérer la frustration face à une dépense qui ne serait pas raisonnable?"
"Je pense qu’il faut commencer par s’observer pour prendre conscience de notre rapport à l’argent. Et puis s’interroger pour comprendre d’où ça vient : y a-t-il eu des événements dans ma vie qui ont influencé mon rapport à l'argent ? ou bien des comportements familiaux, des croyances, des peurs qui m’ont été transmises ?"
Que serait donc un rapport sain à l’argent? "Je pense que c’est d’abord une forme de détachement. Quand on est attaché à quelque chose ou à quelqu’un, on a inévitablement peur de le perdre. Le juste détachement – qui n’est pas du rejet – c'est être capable de voir ce que l’argent nous apporte, et en concevoir de la gratitude, mais réaliser en même temps que l’essentiel est ailleurs; c'est la qualité des relations que j'aurai, l'amour qu'il y aura dans ma vie, la contribution que j'apporterai… Et l'argent pourra y contribuer, ou pas."
"Beaucoup de gens font de l’argent leur moteur, parce qu’ils veulent être certains d’en avoir assez pour vivre – jusqu’à garder un emploi qui ne leur convient plus. D’autres font un autre choix et cherchent d’abord à se réaliser, pour ne pas nourrir de regrets – en espérant qu’ils y gagneront de l’argent, mais sans en faire leur seul objectif."
"Une vie riche", conclut-il, "ce n'est pas forcément une vie avec des millions sur un compte. On peut être perdu et pauvre à l'intérieur du bien-être matériel. Une vie riche, c'est une vie qui a du sens."
Moi et l’argent
Christian Junod, expert de la relation à l'argent, animera le 27 mai prochain un webinaire sur cette thématique. Pour y assister gratuitement, inscrivez-vous auprès de l’EPHEC.
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