Obtenir un diplôme à 30 ou 40 ans, alors qu'on est plongé dans la vie active? C'est ce que permet la promotion sociale: un enseignement conçu pour les adultes, qui peut être suivi parallèlement au travail. Le défi est de taille, mais il offre de vraies perspectives.
La promotion sociale, c'est souvent un enseignement de la deuxième chance pour ceux qui, pour diverses raisons, n'ont pas achevé leurs études. "Beaucoup de nos étudiants sont des quadras qui réalisent que, pour obtenir une promotion, conserver leur emploi ou en changer, il leur faut un premier diplôme ou un diplôme supplémentaire", témoigne Kristien Depoortere, directrice des cours du soir à l'EPHEC. "Certains sont en reconversion professionnelle; d'autres ont été écartés des études par un accident de la vie. Ces dernières années, on rencontre aussi davantage d'étudiants plus jeunes, qui n'ont pas obtenu de diplôme, ont commencé à travailler puis ont voulu reprendre des études. C'est peut-être lié au covid."
L'une des particularités de la promotion sociale, c'est son caractère modulaire: les étudiants s’inscrivent à des "unités d'enseignement" et peuvent ainsi avancer à leur rythme. À l'arrivée, le diplôme est le même que celui obtenu en cours du jour. "Une autre caractéristique, c'est le profil des enseignants, qui viennent du monde professionnel. La journée, ils exercent leur métier et, le soir, ils transmettent leurs connaissances pratiques."
Le parcours est certes exigeant. "Nos étudiants doivent combiner trois vies", explique Mme Depoortere: "La plupart sont salariés ou indépendants, beaucoup ont une famille à charge, et en parallèle, ils suivent nos cours qui les occupent au minimum quatre soirs par semaine et certains samedis, pendant au moins quatre ans." Cela nécessite du courage et de la motivation, mais aussi de l'organisation.
"Je leur donne ce conseil: prévoyez un bon congélateur!"
"Il faut aussi avoir le soutien de ses proches, sinon c'est peine perdue. Je leur dis également qu'ils ont droit à l'erreur. Tout le monde peut connaître un échec, mais il ne faut pas se laisser abattre par celui-ci."
"Vous voulez une anecdote? Il y a deux ans, une jeune femme enceinte a passé un examen; elle a accouché une heure plus tard – et elle est revenue la semaine suivante avec son bébé ! Cela vous donne une idée de la volonté de nos étudiants!"
Une volonté souvent payante: "On ne sacrifie pas ses soirées à suivre des cours pour le plaisir. Les employeurs le savent. À compétences égales, ils préfèrent souvent engager un diplômé de promotion sociale. La plupart trouvent de l'emploi."
"J'admire nos étudiants", conclut Kristien Depoortere. "L'un d'entre eux a témoigné de son parcours, en expliquant que c'étaient ses amis qui l'avaient convaincu de reprendre des études: 'Ils ont trouvé les mots que mes parents n'avaient pas eus'. C'est cela la promotion sociale: des gens qui, parfois, s'étaient un peu perdus et qui retrouvent leur chemin. Je trouve ça formidable!"
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