Edito: Qu'allez-vous devenir?

7/11/2022
Idées
(Photo Stockholms Stadsmuseum/Wikipedia)

Quel est le dernier ouvrage professionnel que vous ayez lu? La dernière formation ou le dernier tutoriel que vous ayez suivi? Et quand était-ce? Hélas, il est probable que votre réponse s'exprime en années… alors que notre monde évolue au quotidien.

Ce n'est pas un scoop: nous vivons dans un monde en mutation, toujours plus profonde et rapide. La numérisation, la mondialisation, mais aussi l'irruption de crises comme celles du covid ou de l'énergie modifient nos modes de vie. Elles impactent les modes de travail, les marchés, les choix de consommation… Elles transforment les métiers, même les plus classiques, détruisent des activités, permettent d'en créer d'autres…

Dans cet environnement instable, nos compétences s'usent vite. L'Unesco l'avait compris dès les années 1960 en élaborant le concept d'apprentissage au long de la vie. L'EPHEC en a fait l'un des piliers de son enseignement, en développant ses programmes de formation continue.

Il est clairement démontré que suivre de telles formations offre nombre d’avantages en termes d'évolution de carrière, de rémunération… mais aussi au plan personnel, en termes d'épanouissement intellectuel, de confiance en soi… Sans oublier que c'est aussi le moyen de nouer des contacts.

Et pourtant, la formation continue reste trop peu suivie. C'est un constat général en Belgique, qui présente des taux d'éducation permanente inférieurs à la moyenne européenne, mais surtout des écarts abyssaux entre groupes sociaux: la formation continue séduit essentiellement les cadres, dirigeants et les salariés qualifiés; elle reste sous-fréquentée par les ouvriers et les demandeurs d'emploi.

On l'observe sur le terrain: en dehors des formations structurées dans l'entreprise, il reste difficile de stimuler une démarche de formation volontaire. Pourquoi? Les obstacles généralement cités tiennent au manque de temps (hors des heures de travail) ou à la mobilité (du moins en présentiel). On ne saurait invoquer le coût: il existe beaucoup de formations très abordables – ainsi que des subsides. Enfin, l'inadéquation des programmes ou des formules semble une mauvaise excuse: l'offre s'est énormément développée, tandis que les méthodes et les outils pédagogiques se sont diversifiés, permettant à chacun de trouver ce qui lui convient.

Le frein le plus puissant est probablement tout autre, de nature psychologique. C'est notre incapacité à prendre conscience des changements en cours, voire notre tendance à leur résister.

Le changement angoisse. Nous préférons donc l'ignorer, le contester ou… nous en plaindre ("C'est terrible, tout ce que l'e-commerce nous enlève comme clients…") et espérer que le "bon temps" reviendra. Celui où l'on pouvait travailler "comme on l'a toujours fait".

Mais le changement est une réalité. Et nous devons prendre conscience que la formation permanente est non seulement une nécessité, mais surtout une chance. Nous sommes tous maîtres de nos compétences. À nous de les prendre en main.

Olivier Kahn,

Directeur de l'EPHEC Formation Continue

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