Idées
Au-delà du télétravail, on parle aujourd’hui de "workation": un mélange de travail ("work") et de vacances ("vacation"), dont l’équivalent français serait les "tracances". Une idée qui semble séduire de plus en plus d’actifs, mais aussi d’employeurs.
Véritable tendance, le "workation" désigne une nouvelle façon de combiner travail et vacances: on travaille, mais en changeant d'environnement et en s'autorisant un peu de bon temps. On change de ville, de région ou de pays; on emmène son ordinateur portable; on travaille peut-être un peu moins que d'habitude et on en profite pour découvrir, visiter, aller à la plage, au resto…
Les commentateurs distinguent même le "workation" du "bleisure" (contraction de de "business" et "leisure"), qui désigne la combinaison du déplacement professionnel et du séjour d’agrément, en marge d'une foire ou d'une conférence. Tant qu’à se déplacer pour le travail, on part le week-end précédent, ou bien on reste le week-end suivant, histoire de visiter la ville. Le bleisure est une opportunité ponctuelle; le workation prend un caractère plus organisé, éventuellement familial; en général, le séjour est aussi plus long. C'est également différent des vacances "parasitées" par le travail, qui sont une situation subie. Le workation est un choix, envisagé comme tel.
En réalité, le phénomène n’est pas neuf. Il est lié à la numérisation des métiers et au nomadisme. Jusqu’à présent, il était surtout pratiqué par des indépendants: pourquoi un traducteur, par exemple, serait-il condamné à toujours travailler chez lui alors qu’il peut tout aussi bien le faire depuis sa maison de campagne, ou d’un hôtel dans les Alpes?
Ce qui est neuf, c’est que les "tracances" concernent désormais aussi des managers et des salariés – une conséquence du covid qui a généralisé le télétravail.
On a pris l'habitude des visioconférences et de travailler dans des environnements variables, parfois à domicile, en famille, parfois ailleurs. Le workation permet de se changer les idées sans interrompre son activité.
Les employés semblent demandeurs et certaines entreprises y voient un argument de recrutement ou de rétention dans la guerre des talents. Quelques-unes accordent désormais des périodes de workation qui s’ajoutent aux vacances – ce qui ne vas pas sans poser certaines questions d’organisation ou d’assurance.
Bien sûr, le phénomène intéresse également les professionnels du tourisme. Les hôtels commencent à adapter leur offre en conséquence: il faut garantir à la fois du haut débit, des salles de réunion, mais aussi des équipements de détente, une ambiance familiale, des services touristiques – et des tarifs compatibles.
Le workation semble un nouveau signe de la redéfinition des contours entre vie privée et professionnelle. Mais est-il signe d’agitation ou d’apaisement? Montre-t-il que nous cherchons à remplir toujours plus nos agendas? Ou est-ce la quête d’une meilleure qualité de vie? À chacun de trouver sa réponse.
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