Le covid, accélérateur de tendances sur le marché de l'emploi

Ce n'est même plus un débat: par la force des confinements, le télétravail s'est ancré dans les habitudes. À preuve, 38% des entreprises belges comptent réduire leurs surfaces de bureaux, et 53% indiquent que leur personnel pourra travailler indépendamment de sa localisation : deux chiffres tirés du Guide des Salaires publié par le bureau de conseil en RH et recrutement Robert Half.

"C'est une évidence", abonde Joël Poilvache, Director chez Robert Half. "Les entreprises qui n'offriront pas d'hybridité auront un désavantage compétitif important en termes RH. Celles qui n'y ont pas encore travaillé doivent le faire rapidement."

D'autres tendances, sans doute moins flagrantes, apparaissent dans le Guide des Salaires: boom du secteur logistique, demande soutenue pour les profils IT et comptables, mais aussi croissance de l'intérim management. "La tendance n'est pas neuve, mais elle remarquable; elle s'inscrit dans la flexibilité que recherchent les entreprises. Elle a été en partie renforcée par la pandémie, parce que les entreprises ont dû réagir vite. Elles ont parfois dû constater que leur propre management ne pouvait pas faire face à lui seul à cette situation – et elles ont eu recours à l'expertise externe."

‍Le Guide souligne également l'essor des politiques de diversité, équité et inclusion (DEI). "C'est patent dans beaucoup de moyennes à grandes entreprises, attentives à leur employer branding."

‍"Cela tient à plusieurs facteurs: la société évolue vers plus de diversité de manière générale, mais les entreprises doivent aussi faire plus attention à leur réputation pour attirer des employées.." Là aussi, on peut voir un lien avec la pandémie, dans le sens où le télétravail a ouvert la porte au recrutement de talents plus diversifiés – parfois à l'étranger.

La crise sanitaire semble par ailleurs avoir renforcé la mobilité des travailleurs, qui se déclarent plus que jamais prêts à changer d'emploi. "Ce que je remarque, c'est que peu d'employeurs paraissent en mesure d'augmenter significativement les salaires en 2022, alors que le marché des candidats est très tendu. Cela va se rééquilibrer, mais cela demandera un peu de temps."

Reste une incertitude, géopolitique cette fois: "Sans la guerre en Ukraine, j'aurais été très affirmatif sur le fait que les salaires allaient augmenter ; qu'on allait être dans le 'sweet spot' du marché pour deux ou trois ans. Cette guerre crée de l'incertitude, ce qui pourrait freiner un peu l'investissement, aussi en recrutement. Mais j'observe que, globalement, le marché a été très résilient face à la pandémie et a vite retrouvé de la croissance. Si la guerre est limitée dans le temps, l'économie pourrait se remettre rapidement."

Info: Consulter le Guide des Salaires

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