Retourner au bureau? Mais quel bureau?

12/12/2022
Entreprendre
(Photo Seed Factory)

Deux ans après l’épidémie de covid qui avait les avait vidés, les bureaux sont en plein bouleversement. Edouard Cambier, président de la Belgian Workspace Association (BWA), observe cette évolution avec attention.

Chez Seed Factory, le coworking qu’il gère à Auderghem, Edouard Cambier ne connaît pas la crise: "Nous comptions 130 utilisateurs avant le covid; à présent, nous sommes 200. Les gens sont revenus au bureau plus vite que prévu. En revanche, la population a changé: je vois beaucoup moins de quinquas et de jeunes mamans, mais davantage de vingtenaires, trentenaires, avec des profils plus ‘tech’ – et je fais le même constat dans les événements professionnels que je fréquente."

Pourquoi? On ne peut que hasarder des hypothèses: "Un certain nombre de gens ont pris leurs distances; parmi eux, des quinquas dont la situation est établie, qui ont leur réseau, et qui ont décidé de lever le pied. C’est différent pour les jeunes mamans: on sait que, professionnellement, la crise covid les a davantage touchées. Pour elles, ce n’est sans doute pas un choix. Quant aux 25-35 ans, le covid les a privés de contacts; on sent qu’ils ont envie de socialiser."

Socialiser, se réunir, c’est précisément le nouveau rôle assigné aux bureaux. "Le travail concentré, on peut le faire chez soi ou dans un tiers-lieu: coworking, café, hôtel... Et quand on va au bureau, on devrait y aller avec un agenda à moitié vide, pour rencontrer des collègues et collaborer. Pourquoi y aller si c’est pour enchaîner les visioconférences?"

D’où la réorganisation des espaces en cours dans les grandes entreprises: selon Edouard Cambier – qui est aussi l’auteur d’un livre sur l’avenir des bureaux – les surfaces sont en recul, mais surtout en pleine reconfiguration: "Traditionnellement, la proportion était de 30% d’espaces communs – salles de réunion, cafeteria… – et 70% d’espaces privatifs. Cette proportion est en train de s’inverser. Il y a beaucoup d’investissements dans ce sens."

"On a souvent parlé d’hôtelification: les travailleurs iraient au bureau comme à l’hôtel, dans un lieu offrant certaines facilités. Aujourd’hui, je parlerais plutôt de ‘clubification’ du lieu de travail."

Parallèlement, on observe une redistribution des rôles entre les "bureaux" (les sièges d’entreprises) et les "tiers-lieux" (coworkings et business centers), au profit de ces derniers. "Selon nos propres chiffres, ceux de la BWA, les tiers-lieux représentent aujourd’hui 3% des espaces de travail en Belgique. Notre pronostic, c’est qu’ils représenteront 20% à l’horizon 2030, à la fois par la réduction des bureaux traditionnels et par la multiplication des points de travail intermédiaires, entre le domicile et l’entreprise. Ce sont les coworkings et business centers, mais aussi d’autres lieux qui peuvent proposer des espaces et du service : aujourd’hui, les hôtels, les cafés, certains clubs de sport; demain, peut-être les grandes surfaces ou les stations-service…"

Info: BWA


En lien avec cet article:

Comment retourner au bureau?

Les bureaux du futur: plus collaboratifs et plus technologiques

"Dans beaucoup d’entreprises, le moteur humain a calé"

Ne ratez pas une chance d'apprendre.
Chaque mois, découvrez de nouveaux articles, rencontrez de nouveaux experts et faites évoluer votre vision du futur.
Je m'inscris