La précarité, une réalité étudiante

23/1/2025
Idées
(Photo Freepik)

Même si elle n’est pas toujours visible, la précarité étudiante est un phénomène très réel. Christopher Bisschop, responsable du service social de l’EPHEC, le constate tous les jours. Avec son équipe, il travaille à lever les tabous qui l’entourent.

Posons d’abord ce constat: en Belgique francophone, un étudiant sur cinq est boursier, un sur dix dépend du CPAS, et ces deux chiffres sont en augmentation.

Cette hausse de la précarité étudiante est sans doute la conséquence d’une suite de crises (covid-19, puis crise énergétique en 2021-2023…) qui ont fortement impacté les étudiants. C’est aussi le reflet d’un phénomène plus positif: l’accès croissant aux études supérieures – y compris pour des catégories de population moins favorisées.

Christopher Bisschop, lui aussi, est frappé par l’augmentation des demandes d’aide auprès du service social de l’EPHEC: "Sur 8.000 étudiants environ, nous en avons aidé 2.300 l’année dernière, soit près de  30%. Et ces demandes augmentent d’année en année, en chiffres absolus comme relatifs."

En réalité, le nombre d’étudiants en situation précaire est probablement encore supérieur, car tous ceux qui pourraient demander une aide ne le font pas forcément. "Peut-être parce que la bourse leur suffit, peut-être par manque d’information; sans doute aussi parce que la démarche peut paraître embarrassante. Nous, on essaie de la rendre la plus évidente possible; d’une part en allant vers les étudiants par des interventions, des activités…; d’autre part, en informatisant les demandes d’aide financière, parce qu’il n’est pas possible de rencontrer tous les étudiants en personne, mais aussi parce que c’est moins intimidant d’introduire une demande sur une plateforme."

Faciliter la démarche, c’est aussi briser les silences qui entourent la précarité:

"A priori, rien ne différencie un étudiant en difficulté d’un autre. Mais quand on sait combien d’étudiants sont concernés, on est obligé de se dire: ‘Au fait, la personne qui est en face de moi cache peut-être une grande détresse’."

Les difficultés ne sont d’ailleurs pas seulement financières; ce sont aussi des difficultés personnelles ou sociales, liées ou non à la précarité. "L’an dernier, par exemple, on a remarqué que la santé mentale devenait une préoccupation pour beaucoup d’étudiants. On a donc mis en place une aide collective leur permettant de consulter un psychologue à tarif réduit. Résultat: nous avons financé des centaines de séances, ce qui prouve qu’il y avait un besoin. Dans le même ordre d’idées, on s’est rendu compte que beaucoup de filles avaient des difficultés à acheter leurs protections périodiques; on a placé des distributeurs en libre-service et ça marche plutôt bien, il n'y a pas d'abus. C’est un peu notre rôle aussi, de lever ces tabous."

"Mon souhait", conclut-il, "c’est de parvenir à déconstruire les représentations qu'on peut avoir d'un service social, et que les étudiants puissent se dire: 'En fait, le social, ça nous concerne de tous'."

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