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Pourquoi votre entreprise existe-t-elle? Si vous êtes entrepreneur, la réponse vous semble probablement évidente. Mais en va-t-il de même pour vos collaborateurs? Où trouvent-ils le sens qui alimente leur implication et leur motivation? Comment se racontent-ils l’entreprise?
Voilà une bonne vingtaine d’années que la question du sens est posée dans l’entreprise – singulièrement depuis qu’elle n’est plus toujours en capacité de garantir à ses collaborateurs ni la sécurité d’emploi, ni la progression hiérarchique ou salariale. Sans cette promesse matérielle, l’entreprise comme les travailleurs ont cherché à redéfinir le rapport au travail sous un autre angle: celui du sens.
"Mais à force de privilégier la performance, et à force de réduire cette performance au résultat opérationnel, beaucoup d’entreprises ont négligé la question du sens ou l’ont vidée de son contenu", explique Bernard Petre, qui met ses compétences de sociologue et de philosophe au service de l’accompagnement des dirigeants et des équipes. "Or, les travailleurs veulent vivre une aventure sensée."
"L’enjeu, c’est de retrouver le sens de la performance. Autrement dit, remettre de l’essentiel dans ce qui est important."
Face à la question du sens, l’entrepreneur ou le manager se trouve souvent démuni, observe notre interlocuteur. "Non parce qu’il n’a rien à dire, mais parce que, d’une part, c’est un discours inhabituel pour lui et que, d’autre part, l’activité fait tellement sens à ses propres yeux qu’il ne comprend pas pourquoi la question se poserait."
Il faut donc réapprendre à raconter l’entreprise: "Les entreprises qui ont un récit sont celles qui, au-delà du contrat de travail, peuvent clarifier ce qui leur est essentiel, sur quoi elles ne transigeront jamais, et quelles sont les compétences qui se trouvent au cœur de cet essentiel. C’est un peu différent des valeurs, qui sont souvent abstraites et tellement générales qu’elles se prêtent à toutes les interprétations. Quand, par exemple, on revendique ‘l’excellence’, qu’est-ce que ça veut dire exactement?"
Reformuler le récit de l’entreprise, c’est donc d’abord redéfinir la performance: "C’est d’abord affirmer que la performance ne se mesure pas qu'au résultat, mais également au respect de l’histoire, des valeurs, de la culture de l’entreprise. Ensuite, on peut considérer qu’il y a plusieurs niveaux de performance. Au premier niveau figure effectivement la performance opérationnelle et financière. Le deuxième, c’est celui de la performance collaborative: est-ce qu'on a renforcé les liens transversaux? les échanges ‘hors processus’? Et le troisième niveau, c'est ce que j'appelle la performance humaine ou spirituelle: est-ce qu'on a nourri en chacun le désir de grandir? Parce que, si la performance n'entretient pas le désir de performance, ce n'est peut-être pas une vraie performance."
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