Un restaurant syrien à Anvers, un club de fitness à Gand, une friterie à Huy…: voilà quelques exemples de projets et de création d'emplois financés grâce au microcrédit. Une solution en plein essor, qui reste pourtant méconnue.
"En Belgique, on évoque davantage le crowdfunding, les business angels, les invests ou les outils publics", explique Guido Peiffer, coordinateur du bachelier en marketing à l'EPHEC Promotion Sociale. "Je pense que la microfinance est moins connue, parce qu'elle est associée aux pays en voie de développement."
Aux origines de la microfinance, on cite généralement le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, un économiste du Bangladesh qui a mis en place dans les années 1980 la Grameen Bank: le modèle de ce que l'on appelle les IMF, les institutions de microfinance (dont beaucoup sont des coopératives, des ASBL ou des ONG).
"L'objectif, c'est d'offrir des services financiers à des personnes qui n'ont pas accès au circuit bancaire classique: services de paiement, épargne, assurances, et bien entendu crédit bancaire. Parmi les emprunteurs, on trouve beaucoup de gens qui veulent créer leur petite activité."
À l'échelon mondial, on parle désormais de 10.000 IMF et 140 millions d'emprunteurs: surtout des femmes, surtout implantées en milieu rural, principalement en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et en Afrique. "Mais la microfinance se développe de plus en plus en Europe également", reprend M. Peiffer. "En Belgique, il existe Hefboom, Credal, le Fonds de Participation et surtout MicroStart, qui représente 75% du marché."
"On se rend compte qu'il y a, chez nous aussi, de plus en plus de micro-entrepreneurs qui ont une idée, qui veulent se prendre en main, mais qui, parce qu'ils appartiennent à des classes moins favorisées, qu'ils n'ont peut-être pas fait d'études supérieures, qu'ils ne disposent pas de garanties suffisantes, ont difficilement accès au crédit. Or, leurs besoins ne sont pas forcément très importants: c'est la constitution d'un fonds de roulement, d'un stock, l'achat d'une machine, d'un véhicule…"
Dans ce cas, le micro-crédit peut apporter une solution: "Les IMF proposent des prêts plafonnés à 25.000€, mais la moyenne tourne autour des 10.000€, voire moins. C'est le genre de montants que l'on rencontre aussi en crowdfunding."
Chez MicroStart, ces prêts sont conditionnés à un business plan et à une garantie de 50%, "qui peut être couverte par une personne de confiance, mais aussi par le CPAS par exemple, ce qui est déjà arrivé", précise M. Peiffer. Quant au business plan, MicroStart propose un accompagnement.
Attention tout de même : le micro-crédit est relativement cher. En 2021, le taux débiteur était d'environ 8%, soit le double de ce qu'obtiendrait chez son banquier une PME bien établie. "C'est d'ailleurs l'une des critiques envers ce système. Cela dit, le microcrédit répond à un véritable besoin. Par ailleurs, le taux de remboursement est élevé et la plupart des starters restent en activité après deux ans; c'est la preuve que cela fonctionne."
Info: lire "Finance, Banque, Microfinance: Où va la richesse créée", sous la direction de Chicot Éboué (Édition Larcier).
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