"Le marché du travail va se polariser"

20/4/2021
RH & Carrière
(photo Audi)

Les ordinateurs, les robots et l’intelligence artificielle vont-ils un jour remplacer le travail humain? "Pas dans un avenir prévisible", répond Jan Laurijssen, Senior Researcher au centre de connaissance de SD Worx, l’un des principaux prestataires mondiaux de services RH.

"Mais il est certain que les métiers vont changer sous l’influence de la numérisation et de la robotisation. Aujourd’hui, l’OCDE estime que 14% des métiers, tels que nous les connaissons, vont être totalement automatisés. En fait, nous allons vers une polarisation, avec d’une part des métiers intellectuels de niveau universitaire, et d’autre part des métiers manuels qualifiés. Entre les deux, on s’attend à une baisse de la demande pour les tâches administratives ou comptables, les plus exposées à l’automatisation."

Cela ne signifie pas forcément que le volume du travail humain va diminuer: la révolution numérique en cours va "détruire" un certain nombre de métiers, comme l’avait fait la révolution industrielle, mais elle va en créer d’autres. C’est la nature du travail qui va changer : "Si on analyse bien les prévisions de l’OCDE, il y a de quoi être optimiste. La croissance des nouvelles professions se produit déjà: on manque par exemple de data scientists, au point qu’un acteur comme Telenet, qui ne les trouve pas sur le marché du travail, a créé sa propre académie pour les former."

Les métiers manuels vont eux aussi évoluer dans le sens d’une qualification accrue.

"Le temps où les mécaniciens travaillaient les mains dans le cambouis, sur les chaînes de montage d’Audi à Forest, c’est fini. Aujourd’hui, ce sont des métiers de haute précision, en gants blancs", souligne son collègue Jean-Luc Vannieuwenhuyse, expert en droit du travail, qui observe d’ailleurs un rapprochement croissant entre ouvriers et employés.

Nos interlocuteurs remarquent encore une autre tendance, dans l’adoption croissante de statuts indépendants – ce qu’on appelle la ‘freelancisation’. Celle-ci était déjà une réalité dans de nombreux métiers intellectuels, ainsi que pour les ‘petits boulots’ de type Uber. Selon Jan Laurijssen, elle progresse désormais dans les métiers manuels: "Et pas nécessairement par contrainte. Pour de nombreux travailleurs, l’indépendance est un choix positif."

Mais le plus important pour l’avenir des travailleurs, affirment les experts de SD Worx, c’est la capacité à se former: "Les évolutions du travail sont de plus en plus rapides. Il faut être inventif, ouvert au changement et capable d’apprendre tout au long de sa carrière. C’est ce qu’on appelle la ‘learnability’."

Info: SD Worx

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