Financement: plutôt la ‘smart money’ que la ‘big money’

4/2/2024
Entreprendre
(Photo Atlascompany/Freepik)

Trouver des investisseurs est une chose. Trouver les bons investisseurs en est une autre. Pierre Hermant, CEO de finance & invest.brussels, nous explique pourquoi les porteurs de projets devraient privilégier l’expertise autour de la ‘cap table’, plutôt qu’une valorisation maximale de leur entreprise.

"Le clash avec les investisseurs, parce qu’on a voulu aller trop vite, c’est malheureusement fréquent et ça peut coûter très cher", explique Pierre Hermant. "C’est toute la question de la ‘cap table’ (‘capitalization table’ : la table où sont assis les actionnaires, ndlr)."

Trouver de l’argent, quand on veut lancer ou développer un business, n’est pas forcément le plus gros problème : "De l’argent, il y en a sur le marché – peut-être même trop. Le problème, c’est plutôt de bien choisir les investisseurs. Souvent, on privilégie la valorisation ; on veut réaliser une augmentation de capital en valorisant son entreprise le plus cher possible".

"On ira cependant beaucoup plus loin, et on fera finalement plus d’argent, avec les bonnes personnes autour de la table, même si elles se basent sur une valorisation inférieure à nos attentes."

Mais qu’est-ce qu’un bon investisseur? "Ce sont avant tout des gens qui, au-delà des moyens financiers, offrent un supplément d'expertise à l'équipe qui gère l'entreprise, que ce soit au niveau de la stratégie, des partenariats, du secteur… C’est ce qu’on appelle la ‘smart money’: la somme des talents à la table, qui doivent être complémentaires."

"Ce qui est intéressant, c’est qu’il existe différents profils d’investisseurs: les ‘friends, family & fools’, souvent bienveillants mais qui n’ont pas forcément d’expertise; les fonds spécialisés de private equity qui apportent leur intelligence; quelques business angels avec la connaissance de votre secteur; sans oublier une invest publique comme la nôtre, qui a intérêt à ancrer votre entreprise dans la région pour qu’elle y crée de la valeur et de l'emploi. Il faut trouver le bon mix – je dirais même le bon mix au bon moment, selon le degré de maturité de votre projet: start-up, scale-up, etc."

Un mauvais investisseur, a contrario… "C'est celui que vous avez choisi sans vérifier si vous étiez alignés sur la vision future de l'entreprise: les copains de papa-maman parce qu’ils ont de l'argent, ou bien des gens qui ont entendu parler d’un bon coup à faire… Ils vous soutiendront tant que tout va bien mais, si le temps se gâte, ils ne seront probablement d’aucune utilité. Un autre point important, ce sont les modalités de sortie: des actionnaires qui ne sont motivés que par la valorisation pourraient sortir trop tôt, en cédant leurs parts à d’autres, sans création de valeur pour l’entreprise – mais il existe des modalités juridiques pour éviter ça."

"En bref, l’idéal, c’est de veiller à un bon alignement avec les investisseurs: des intérêts partagés, une vision commune et une complémentarité de talents, plutôt que la valorisation pure. Et ça c'est top, parce qu’ils seront prêts à se retrousser les manches avec vous."

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