Edito: Là où l’on se sent chez soi

3/1/2025
Idées
(Photo Bernardo Lorena Ponte/Unsplash)

L’idée de travailler dans le pays où j’ai toujours vécu m’a toujours paru logique. Mais, peu à peu, cette évidence s’effrite. Même si l’Europe n’a jamais eu de "rêve américain" à proprement parler, j’ai longtemps cru que l’avenir s’y écrivait en lettres dorées. Aujourd’hui, j’ai de plus en plus de mal à y voir un avenir prospère. Les perspectives se font rares, l’économie semble à bout de souffle. Mon attention se tourne alors ailleurs, là où l’herbe paraît plus verte.

En regardant plus loin, ou même à côté, je découvre ce qu’on appelle le "sud global" — un terme qui regroupe tout ce qui n’est pas occidental: le continent africain, une grande partie de l’Asie, ou encore l’Amérique latine. Ces régions, autrefois perçues comme des "tiers-mondes", connaissent aujourd’hui une ascension fulgurante, un élan qui rappelle celui qu’a vécu l’Europe dans la jeunesse de nos grands-parents. Mais cette fois-ci, ce sont elles qui attirent les regards et les investissements; l’avenir semble s’y dessiner à grands traits. Ces régions, riches en jeunesse et en industries en expansion, attirent les talents et captent des investissements massifs.

J’ai moi-même des origines extra-européennes. Mes grands-parents, autrefois invités en Belgique pour participer à sa reconstruction, m'ont transmis un héritage biculturel. Désormais, la question se pose: et si je repartais vers mon pays d’origine?


Les binationaux comme moi se retrouvent souvent pris entre deux mondes, "ni ici, ni là-bas". Nos identités s’étendent sur plusieurs cultures, plusieurs pays, nous donnant cette impression d’être partout et nulle part à la fois. Le retour aux sources n’est pas qu’une question économique: c’est aussi l’envie de retrouver un environnement culturel et spirituel où l’on se sent pleinement chez soi. Alors, quand le choix se résume au pays qui offre les meilleures perspectives, pourquoi rester en Belgique si ailleurs la vie est plus prometteuse?

Pourtant, tout le monde ne partage pas ce désir de partir. Certains, déterminés à donner un second souffle à l’Europe, croient encore en son potentiel. Pour eux, il ne s’agit pas de fuir mais de réinventer : investir dans des projets innovants, s’attaquer aux défis sociaux et économiques qui freinent le continent. Ils voient dans l’Europe une terre toujours riche en ressources, en infrastructures, et en talents, une base solide pour construire un futur différent.

C’est peut-être aussi une question de valeurs, de quête de sens, de savoir où l’on peut s’épanouir et contribuer à quelque chose de plus grand. Aujourd’hui, rester ou partir n’est plus juste un choix économique ou pratique, mais une réflexion sur ce qu’on veut construire pour notre génération et celles à venir. Où est-ce qu’on se sent vraiment chez soi? Où est-ce qu’on peut rêver, créer et prospérer sans renier une part de soi? Finalement, être chez soi, n’est-ce pas là où l’on ose imaginer un futur à notre image?

Ibrahim Rich

3e bac électromécanique

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