Cultiver la durabilité, c’est possible

26/9/2024
Idées
(Photo Skylar Zilka/Unsplash)

Économiste, ancien patron d’Euronext, Olivier Lefebvre dirige aujourd’hui Perma-Projects, une structure qui accompagne et soutient des projets de permaculture et d’agroécologie. Il parle avec passion des enjeux de la transition écologique.

"Dans les écoles de commerce ou d'économie, on a été formatés à vouloir optimiser les choses, sans se rendre compte qu’en se focalisant trop sur cet aspect, on poussait le système à devenir toujours plus extractif, ce qui n’est évidemment pas durable ", entame Olivier Lefebvre. L’agriculture en est sans doute l’exemple plus frappant, "parce que c’est l’activité humaine qui présente la plus grande interface avec la nature."

Aux yeux de l’économiste, c’est tout notre système agroalimentaire qui court à la catastrophe, du moins dans sa version conventionnelle: "En apparence, c’est un système assez productif: les magasins sont pleins, les gens sont nourris... Mais en réalité, ce système prélève dans ses actifs nets – la biodiversité, la vie des sols – pour créer des flux de revenus. Tous ceux qui ont suivi des cours de gestion savent que c’est une recette pour la faillite. On ne le voit pas trop parce qu’on dope de plus en plus les sols en intrants, mais cela n’a pas d’avenir."

"Depuis les années 50, on applique à l’agriculture le modèle tayloriste qui a fonctionné pour l’industrie: spécialisation, économies d’échelle, intensification en capital… Sauf que la nature et le vivant ne se prêtent pas à cette approche, ce qui crée des problèmes d’écologie et de santé publique. Par ailleurs, la structure industrielle du secteur en a fait une machine à appauvrir les producteurs, placés en position de faiblesse par rapport à des clients et des fournisseurs beaucoup plus gros qu’eux."

Il y a cependant des alternatives: "Le modèle agroécologique permet de marquer des points à plusieurs titres. D’abord sur le plan environnemental, où l’objectif est de préserver le capital, c'est-à-dire la fertilité des sols. Ensuite, sur le plan économique, pour le producteur: d’une part en réduisant les intrants, donc les factures; d’autre part en incitant ce producteur à avancer dans la chaîne de transformation et de valeur, ce qui augmente les marges et réduit les risques liés aux fluctuations de prix: si je vends du fromage ou du yaourt, je suis moins sensible au cours du lait. Sans parler des gains en termes de qualité nutritionnelle…"

La difficulté, reconnaît-il, c’est de parvenir à en vivre. "Ce n’est pas simple, mais on peut y arriver. Ces modèles progressent; il y a de plus en plus d’exemples."

De quoi voir les enjeux de la transition écologique avec optimisme? "Je le crois."

"Récemment, j’entendais encore dire: ‘Nos enfants vivront moins bien que nous’. C’est sans doute vrai d’un point de vue matériel. En revanche, si la génération suivante peut intégrer ces enjeux et se repositionner sur ce que nous sommes, sur notre place dans le vivant, alors, nos enfants vivront peut-être de meilleures vies, avec plus de sens."

Pour aller plus loin

Est-il possible de nourrir l’humanité, tout en développant une agriculture respectueuse de la nature et des équilibres de notre planète? Jusqu’où transformer nos modèles agricoles et économiques? Olivier Lefebvre partagera son expertise et son expérience lors d’un webinaire gratuit, le 19 novembre 2024 à 20h.

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