Changer de vie pour changer le monde?

29/3/2023
RH & Carrière
(Photo Daniel J. Schwarz/Unsplash)

Combien sont-ils, ceux et celles qui se sentent "découplés" de leur travail, en contradiction avec eux-mêmes, en crise de sens? Sans doute de plus en plus nombreux – et c’est peut-être tant mieux!

"On peut dire sans hésiter que le monde du travail est profondément malade." Ce constat, c’est celui que dresse Pierre Lucas, directeur de la BAO Academy, qui propose formations et coaching aux entreprises. "Ce n’est certes pas nouveau, mais les tensions se sont aggravées ces derniers mois. Elles prennent les proportions d’une ‘crise de sens’: les gens ne trouvent plus dans leur travail un sens qui les satisfait. Et ce malaise se traduit de différentes façons, en burnouts, en maladies psychosomatiques, en démissions ou par le tarissement des vocations dans certains métiers…"

La "crise de sens" dont parle Pierre Lucas semble s’étendre bien au-delà du monde du travail: elle touche les entreprises comme les individus, les familles, et même la société tout entière. La crise sanitaire de 2020-2021 n’y est certainement pas étrangère, non plus que les menaces portées par la crise énergétique, la crise climatique ou la guerre en Ukraine – mais elles n’en sont pas forcément les causes. Elles sont plutôt les révélatrices d’un déséquilibre plus profond.

"En termes taoïstes, on parlerait d’un excès de ‘yang’ ou de ‘force masculine’ – sans que ce terme soit genré."

"En d’autres mots, nous sommes malades de nos excès de compétition, de notre recherche exagérée de performance, de croissance jusqu’à la prédation, lesquelles nous ont menées à nous couper, à mes yeux, d’un principe supérieur qui est la nature."

En un sens, Pierre Lucas considère l’épidémie de burnouts comme un bon signe: "On peut la voir comme un symptôme social, qui nous alerte sur un dysfonctionnement majeur et qui va nous obliger à revoir de fond en comble nos institutions, nos repères, nos modes de pensée. Je crois que c’est ce qui se passe. Je suis frappé de voir aujourd’hui des dirigeants d'entreprises qui viennent nous dire ‘Je veux faire autre chose, parce que j'ai l'impression de ne pas contribuer à un monde meilleur’."

Ce changement que notre interlocuteur appelle de ses vœux, il ne faut pas attendre qu’il vienne de l’extérieur. "Il ne suffira pas que quelques dirigeants changent de grille d’analyse. C’est un problème qui est en chacun de nous : tous ces symptômes de maladie sont en fait la manifestation d'un mal-être intérieur que l’on refuse de voir pour soi-même. Le travail sur soi consiste avant tout à identifier ses peurs, ses angoisses, puis progressivement y travailler et tenter de les dépasser. Ce que nous proposons, ce sont différents chemins que les gens peuvent emprunter pour leur permettre de changer de vie. Changer de vie pour changer le monde..."

En lien avec cet article:

"Il nous faut un nouveau récit collectif"

Déconstruire pour se reconstruire

"Soyons utiles!"

Ne ratez pas une chance d'apprendre.
Chaque mois, découvrez de nouveaux articles, rencontrez de nouveaux experts et faites évoluer votre vision du futur.
Je m'inscris