Ouvrir l’entreprise à la diversité… mais encore? En pratique, comment gérer les différences de valeurs, de comportements, de sensibilités dans une équipe? Comment faire la part de ce qui est acceptable ou pas? Au nom de quoi? Pour répondre à ces questions, Christine Leclercq propose de s’initier à l’approche interculturelle.
Vivre ensemble, c’est partager un certain nombre de choses; c’est aussi se confronter à la diversité de nos personnalités, de nos convictions, de nos valeurs… bref, à nos différences. Dans un groupe – par exemple, une entreprise – certaines de ces différences seront plus ou moins bien admises; d’autres pas, ce qui peut entraîner des situations conflictuelles.
"Cela peut concerner aussi bien le port de signes convictionnels que le fait, par exemple, d’afficher son homosexualité, d’accepter ou de refuser de prolonger sa journée de travail face à une deadline, etc.", explique Christine Leclercq. Praticienne en philosophie et maître-assistante à l’EPHEC et à la HELB, elle a étudié la démarche interculturelle qui, dit-elle, permet d’aborder ces questions plus sereinement.
Prenons un exemple: celui d’une entreprise qui fait appel à un freelance, lequel vient travailler sur place. Un jour de grande chaleur, il se présente en short et sandales, au grand mécontentement du directeur qui estime que "ça ne se fait pas".
"Le directeur peut commencer par se demander pourquoi ‘ça ne se fait pas’, et pour qui? En quoi cette attitude est-elle gênante? L’est-elle pour lui-même, ou vis-à-vis des clients qui seraient présents? Est-ce effectivement pour eux aussi que ‘ça ne se fait pas’, ou est-ce une projection de sa part?"
"On va tâcher de prendre conscience de ce qui relève des références personnelles; c’est ce qu’on appelle la phase de décentration. Ensuite viendront deux autres phases; le tout permettra de faire la part des choses entre le professionnel, le personnel et leur articulation. Cet exercice permet d'atteindre une certaine déontologie, un professionnalisme."
"Cela ne signifie pas que tout soit négociable; ça veut juste dire: ‘Si j'ai pris conscience que cette demande, celle de ne pas venir en short, m'est personnelle, est-ce que j’accepte que chacun fasse comme bon lui semble? Ou est-ce qu’en fait, c'est quelque chose qui ne correspond pas à l'image que je souhaite pour mon entreprise, et comment l’expliquer?’ Cela évite d’entrer dans une forme de violence symbolique, du type ‘Tu es un plouc si tu viens en short’. Ce n’est pas du tout la même chose de dire ‘Ici, nous voulons une image qui n'est pas celle du short, donc, pour ces prestations, je vous demande de vous adapter à un code’."
Jusqu’où négocier? La réponse, bien sûr, n’est pas univoque. Mais, pour Christine Leclercq, entrer dans une démarche interculturelle permettra d’améliorer sa posture professionnelle, aborder la négociation en meilleure position et poser plus facilement des limites acceptables.
Comment gérer le vivre ensemble au sein de mon entreprise?
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