Idées
C’est une installation unique en son genre: 12.000 m² de panneaux solaires sur un bâtiment classé. C’est à Bruxelles, sur les toits des abattoirs d’Anderlecht. Et c’est grâce à la solution proposée par Skysun, la startup d’un ancien de l’EPHEC.
Intervenir sur un bâtiment classé, c’est toujours un défi: les règles sont sévères et les solutions peuvent être coûteuses et difficiles à mettre en œuvre. Pire: les exigences du patrimoine entrent parfois en conflit avec celles de la rénovation, par exemple s’il s’agit d’intégrer des technologies durables à un bâtiment qui n’a pas été conçu pour cela. Ainsi aux abattoirs d’Anderlecht: comment rendre à la grande halle, témoin du 19e siècle, l’esthétique de ses anciennes toitures en zinc, tout en la couvrant de panneaux photovoltaïques?
"Les projets qui semblent impossibles, c’est justement ce qui nous intéresse!", clame Léopold Coppieters.
Diplômé en marketing (à l’EPHEC) et en sciences de l’environnement (à l’ULB), il a fondé en 2017 la startup Skysun avec son associé Arthur Dawans. Ensemble, ils sont parvenus à convaincre les abattoirs – et surtout la Commission des Monuments et Sites: leur installation – près de 6.000 panneaux solaires, qui produiront l’électricité équivalente à la consommation de 700 ménages – a été inaugurée en octobre.
La solution? ZincLike: une innovation que Léopold Coppieters qualifie lui-même de "low tech". Il s’agit de profils en aluminium anodisé qui prennent l’aspect du zinc et sur lesquels sont placés les panneaux. "Paradoxalement, la force de notre solution, c’est… qu’elle n’est pas étanche! Le toiturier hésite à donner sa garantie sur une sorte de ‘tuile solaire’ qu’il ne connaît pas et qu’il ne maîtrise pas. Il préfère garantir une tuile traditionnelle ou une ardoise. Nous, nous proposons une solution qui n’est pas étanche, tout en confiant l’étanchéité du monument à une technique éprouvée. C’est ce qui inspire confiance."
À la clé, le marché est potentiellement très important: les halles et marchés couverts sont des bâtiments historiques présents dans de nombreuses villes d’Europe, qui offrent d’importantes surfaces de toitures. Sans oublier que plus de la moitié des toits de Paris – dont ceux des célèbres immeubles haussmanniens – sont en zinc!
"On reçoit beaucoup de coups de téléphone, mais rien n’est encore concrétisé", indique Léopold Coppieters, qui précise: "Même si le chantier des abattoirs est emblématique, il ne résume pas Skysun. Notre business, c’est d’intervenir en tiers-investisseur pour financer et gérer des projets photovoltaïques. Les projets architecturaux ne représentent que l’un de nos quatre axes d’activité, à côté des toitures classiques et industrielles, des parkings et des projets au sol." Des chantiers qui se comptent déjà par dizaines – et qui promettent à Skysun un avenir radieux.
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