3 questions avant d’exporter

17/9/2024
Entreprendre
(Photo Kaique Rocha/Pexels)

Jean-Philippe Mergen est Directeur de l’Internationalisation chez Beci-Chambre de Commerce de Bruxelles. Il accompagne les entreprises bruxelloises – et surtout les PME – qui cherchent à se développer à l’export. Nous lui posons trois questions.

1. Exporter est-il devenu plus difficile, dans un monde moins stable?

Dans une certaine mesure, oui. Les chaînes d’approvisionnement ont été bouleversées par la crise du covid. Le coût du transport a augmenté, à quoi s’ajoute la réapparition de barrières commerciales sur certains marchés, sans oublier divers événements géopolitiques – Brexit, guerre en Ukraine… – qui ont compliqué certains échanges.

Ce qu’on observe aussi, ce sont des accords commerciaux qui se concluent sans l’Europe ni les États-Unis – entre la Chine et la Russie ou certains pays d’Afrique, par exemple. C’est une nouvelle donne.

Enfin, j’ajouterais que certains pays émergents, traditionnellement importateurs de biens occidentaux, sont désormais moins émergents: ils sont devenus capables d’innover et de produire eux-mêmes, avec une qualité suffisante pour leur marché, à prix compétitifs. C’est donc moins évident pour nos exportateurs de les concurrencer.

2. Faut-il commencer par les pays voisins?

Pas forcément. L’avantage des pays de l’UE, c’est le marché unique: il y a beaucoup moins d’obstacles. Cependant, c’est un marché très compétitif, avec des prix tendus. Il peut être plus intéressant d’entrer sur des marchés plus lointains, un peu moins compétitifs, où il sera plus facile de se différencier et où l’on dégagera de meilleures marges.

Par ailleurs, j’attire souvent l’attention de nos entreprises sur les marchés extra-européens avec lesquels l’UE a des accords de libre-échange: Corée du Sud, Canada, Japon… Ces accords donnent un avantage à nos exportateurs; mieux vaut en tenir compte.

3. L’e-commerce, une voie d’exportation plus facile pour les PME?

Oui et non. L’e-commerce permet de se faire connaître beaucoup plus facilement un peu partout, pour autant qu’on en maîtrise les outils. C’est donc très porteur, mais les contraintes d’exportation demeurent: si vous expédiez un produit en Chine ou aux Émirats, vous devrez respecter la législation locale, accomplir les formalités et assumer le coût logistique.

Il existe d’autres voies d’internationalisation intéressantes pour les PME, notamment dans les services. L’idéal est parfois d’investir dans une société locale, où l’on prend éventuellement une participation, qui possède déjà une clientèle et dont on peut renforcer l’offre par des produits ou des services complémentaires.

Ensuite, il y a l’approche en réseau: plutôt que de compter sur vos seules forces, essayez d’entrer en partenariat avec d’autres exportateurs. Je pense par exemple à une société belge du domaine de l’événementiel, qui a réalisé une partie des illuminations des JO de Paris et qui a emmené quelques sous-traitants avec elle. Former un écosystème avec d’autres sociétés du même domaine, c’est aussi très porteur.

Plus d'info: voir Beci

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