Une vraie plaie: les fake news, les infos fausses ou déformées, pullulent sur le web et les réseaux sociaux. Comment les repérer et les contrer? Entretien avec Alexandre Capron, journaliste fact-checker, qui abordera prochainement le sujet lors d’un webinaire pour l’EPHEC.
Fin 2023, un rapport du Conseil des Académies Canadien estimait à 2 millions le nombre de personnes qui auraient renoncé à se faire vacciner pendant la pandémie de covid-19 sous l’influence de la désinformation, entraînant in fine au moins 2.800 décès dans le pays. Un exemple des conséquences réelles que peuvent provoquer les fake news – de celles auxquelles nous sommes exposés quotidiennement et qui peuvent altérer notre perception des faits.
À quelle info se fier? "Si l’on doute d’une information, on peut appliquer quelques réflexes de bon sens", estime Alexandre Capron. Journaliste fact-checker au service des Vérificateurs de TF1, il est l’auteur du livre Fake news, le guide pour repérer la désinformation et éviter de tomber dans les pièges. "Pour commencer, il faut se poser quelques questions qui ramènent souvent à la source: qui est à l’origine de l’info? où a-t-elle été publiée? quand? Ce sont des techniques de base du journalisme mais qui, aujourd’hui, peuvent concerner tous les citoyens."
Heureusement, il existe des outils, dont beaucoup sont gratuits, faciles d’accès et d’utilisation, permettant de désamorcer un certain nombre d’infox: "En 30 secondes sur son téléphone portable, on peut par exemple tracer l’origine d’une image via une recherche d’image inversée. Avec des outils un peu plus complexes, on peut aussi géolocaliser des images."
"En fait, la lutte contre la désinformation, c’est très ludique, très fun. On joue un peu au détective."
Alexandre Capron remarque que les rubriques de fact-checking instaurées par certains médias rencontrent un grand intérêt du public. Mais la lutte contre la désinformation, ajoute-t-il, n’appartient pas seulement aux professionnels de la vérification. "Le flot de désinformation est tel que les journalistes ne peuvent pas tout traiter; je pense donc que les initiatives citoyennes, à l’exemple du collectif ‘C’est vrai ça?’, sont les bienvenues, dès lors qu’elles s’appuient sur une méthodologie rigoureuse, étayée par des sources crédibles."
De quoi rester optimiste? "Je le pense. Les réflexes dont je parlais se développent. De plus en plus, sur les médias sociaux, on voit les gens intervenir dans les commentaires pour mettre en garde contre une fausse information, poster une source, etc. Les lire est d’ailleurs un autre bon réflexe quand on doute: souvent, la réponse s’y trouve."
"Je crois surtout qu’il ne faut pas baisser les bras. C’est une question de responsabilité: se demander si on est sûr de ce qu’on voit, vérifier les sources avant de partager… tout cela est très important pour ne pas être soi-même un vecteur de désinformation."
Alerte aux fake news!
Curieux d’en savoir plus? Alexandre Capron animera le 17 mars un séminaire consacré aux fake news et partagera quelques-uns de ses trucs et astuces pour les détecter.
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