L’hôpital est, comme l’école, une institution qui rend un service à la population. C’est aussi une entreprise qui se doit de garder l’équilibre financier et d’investir dans ses outils et son personnel. En quoi est-elle semblable ou différente d’une entreprise commerciale? Entretien avec Alexandre Deschuymere, directeur général de la Clinique Saint-Jean et administrateur de l’EPHEC.
À deux pas de la place Rogier, la Clinique Saint-Jean compte parmi la quinzaine d’hôpitaux généraux en Région bruxelloise, proposant une offre complète de soins médicaux et chirurgicaux. Avec ses 548 lits, c’est un hôpital de taille moyenne.
"Nous sommes d’abord un hôpital de proximité, au service de la population locale", indique son directeur, Alexandre Deschuymere. "Au-delà de ce ‘bassin primaire’, nous sommes bien sûr à disposition de la population en général. Et comme nous sommes situés au centre-ville, nous prenons en charge les patients touristiques, la clientèle d’affaires, sans oublier les navetteurs qui travaillent à Bruxelles et qui peuvent être amenés à se présenter chez nous."
Une fonction, explique-t-il, qui évolue: "L’un de nos défis est de nous axer davantage sur la médecine préventive, à côté du curatif et du palliatif. Cela répond d’une part à l’évolution des facteurs de risques au sein de la population, comme l’obésité, l’hypertension ou les problèmes locomoteurs; d’autre part à la situation bruxelloise, où 30% des patients n’ont plus de médecin traitant et se tournent vers les maisons médicales ou les hôpitaux. De plus en plus, l’hôpital sort aussi de ses murs pour aller soigner le patient chez lui."
La mission de la Clinique – avec le financement public qui l’accompagne – et son statut d’ASBL en font une entreprise "pas comme les autres". Du moins, pas comme les entreprises commerciales. Elle reste toutefois une entreprise.
"Notre objectif n’est évidemment pas de faire du profit. Néanmoins, nous devons générer suffisamment de moyens pour continuer à investir dans nos outils médicaux", reprend le directeur général.
Et dans la mesure où les hôpitaux doivent se partager une enveloppe publique fermée, une certaine concurrence est inévitable entre eux sur les activités dites "à seuil" – chacun s’efforçant de conserver son financement. Dans ce contexte, les hôpitaux sont amenés à se différencier: Saint-Jean a ainsi développé un pôle mère-enfant, un pôle pédiatrique et de néonatalogie, un pôle de santé mentale, etc.
Que dire à ceux qui envisageraient une carrière dans le domaine de la santé? "Je suis convaincu que c’est un secteur d’avenir, qui peut ouvrir de nombreuses portes aux jeunes qui le choisiront. Qu’il s’agisse d’une profession médicale, paramédicale ou de soins infirmiers, c’est un réel engagement au sein d’une communauté, dans un secteur qui offre la possibilité de développer ses connaissances, ses compétences, son savoir-faire, et d’évoluer tout au long d’une carrière. Et surtout, ce sont des professions porteuses de sens."
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