Edito: "L’union fait la force, l’amour fait le reste"

3/9/2024
Idées
Goran, alias Sovanja. (D.R.)

Voilà une phrase qu’on entend beaucoup dans le petit monde du drag belge – un monde dont je fais partie. C’est un cliché, sans doute, mais elle exprime des valeurs essentielles que l’on ne défendra jamais assez: fraternité, diversité et tolérance.

Le drag, tout le monde le sait dans mon entourage comme à l’école, c’est devenu ma passion. Depuis bientôt trois ans déjà, je me produis régulièrement sur scène sous l’apparence de Sovanja, le personnage féminin que je me suis créé. Et même si, quand j’en parle, les réactions sont souvent étonnées, elles ne sont jamais hostiles – au contraire, la plupart des gens sont plutôt ouverts et curieux.

Cette curiosité est assez neuve. Jusque dans un passé assez récent, le drag – ou ce qu’on appelait jadis le transformisme – était une activité marginale, confinée à la communauté LGBT, en dehors de quoi elle était plutôt méprisée ou moquée.

Les mentalités ont heureusement évolué. Grâce notamment à Conchita Wurst, lauréate de l’Eurovision 2014, puis grâce à des émissions grand public comme Drag Race, les drag queens ont gagné énormément de visibilité, ce qui a contribué à les populariser, à leur ouvrir de nouvelles possibilités artistiques, mais surtout à mieux faire connaître leur réalité.

Pour beaucoup d’entre elles, malheureusement, cette réalité a souvent été très dure, faite de rejet, de harcèlement, voire de violence, y compris au sein de leurs familles. Personnellement, j’ai eu la chance d’y échapper. En dehors de quelques regards désagréables ou de quelques remarques sur mon apparence ou mes manières, je me suis toujours senti accepté tel que je suis. À l’EPHEC aussi, j’ai trouvé de la sympathie et du soutien, aussi bien parmi les professeurs que parmi les étudiants.

Cependant, rien n’est acquis. Pour une partie du public, les drag queens restent "inconvenantes", comme on a pu le mesurer après la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, qui a suscité beaucoup de réactions admiratives, mais aussi beaucoup de réactions outrées, d’insultes et même de menaces. Au sein même de l’Union Européenne, certains pays ont adopté des législations "anti-propagande LGBT" – comme s’il s’agissait d’une idéologie dangereuse, qu’il faudrait combattre.

J’y vois surtout de la peur. Peur de la différence, peur de l’inconnu – la même peur qui a pu alimenter et alimente encore le racisme, avec les mêmes réactions de rejet et d’exclusion.

La différence, qu’elle concerne la religion, la couleur de peau ou l’orientation sexuelle, est en réalité superficielle en regard de tout ce que nous avons à partager en tant qu’êtres humains.

Qu’est-ce que cette différence peut bien faire? Elle ne menace rien ni personne. Alors essayons plutôt de nous comprendre, de nous accepter, de nous respecter, bref, de vivre ensemble. Essayons de nous aimer tels que nous sommes; notre monde n’en sera que meilleur.

Goran Nimegeers,

2e bac management du tourisme et des loisirs

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