Si l’entreprise était un navire, le comptable en serait la vigie : l’observateur le mieux placé pour repérer à temps le danger à l’horizon et alerter celui qui est à la barre. Un rôle de prévention et de gestion des crises auquel les comptables sont de mieux en mieux formés.
"La plupart de mes clients sont des PME dont le patron est aussi l’actionnaire principal, avec généralement quelques employés", explique Xavier van Aerssen, expert-comptable fiscaliste certifié, administrateur du bureau Excellium à Uccle. "La plupart du temps, tout va bien, mais certaines de ces entreprises peuvent connaître des crises. Dans ce cas, le dirigeant a parfois du mal à y voir clair. Il est seul face à ses difficultés et le comptable fait partie de ceux qui peuvent l’aider."
C’est pour mieux gérer ces situations que Xavier van Aerssen participe à un cycle de cours sur la gestion de crise, organisé par l’EPHEC Formation Continue à l’attention des comptables – qui sont souvent les mieux placés pour repérer les premiers signaux d’alarme: "Quand on observe que les retards s’accumulent dans les paiements, que les dettes augmentent plus vite que les créances, que l’entreprise repousse ses versements ONSS et TVA pour payer ses fournisseurs, ce sont autant de signes que quelque chose ne va pas. Il faut se poser des questions."
Ce rôle de « lanceur d’alerte » est même une obligation légale:
"La loi impose désormais au comptable d’interpeller le dirigeant s’il constate des faits qui compromettent la continuité de l’entreprise. Si nous ne le faisons pas et qu’une faillite survient, le curateur pourrait se retourner contre nous."
La prévention est un aspect de la formation qui a particulièrement intéressé Xavier van Aerssen: "Les dirigeants de PME ont souvent du mal à admettre que ça va moins bien. Ils ont confiance dans leur activité, ils se persuadent qu’il suffit de tenir le coup et que ‘ça va redémarrer’, alors que c’est peut-être plus profond. Peut-être que ce qu’ils proposent ne suffit plus, que leur offre ne correspond plus au marché, qu’il faudrait l’améliorer ou se recentrer sur ce qui fonctionne le mieux…"
Dans cette démarche, le comptable indépendant bénéficie d’un meilleur recul: il ne baigne pas dans la culture d’entreprise de son client, il n’est pas sous son autorité et il a l’expérience d’autres cas, d’autres dossiers. Au contraire du comptable interne, il peut porter un regard extérieur.
"Bien entendu, ce n’est pas moi qui vais leur dire ce qu’ils doivent faire, mais je peux les inciter à réfléchir. À cet égard, la formation nous a donné des outils pour analyser avec l’entrepreneur quelles sont ses forces et ses faiblesses, quels sont ses moyens ou le potentiel humain de son entreprise… Ensuite, on peut également l’aider à s’orienter dans les structures d’accompagnement ou dans les outils de refinancement. C’est à lui d’élaborer sa propre solution, mais on peut encadrer sa réflexion."
Info: EPHEC Formation Continue
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